« De ce côté » de Dieudonné Niangouna, un texte très personnel sur l’exil
Avec De ce côté, l’auteur et metteur en scène [...]
Avignon 2023 - Théâtre - Critique
La Compagnie Piment Langue d’Oiseau s’empare du texte d’Alex Lorette, qui imagine une jeune adolescente prise au piège du harcèlement. La pièce met en scène méticuleusement le processus fatal du repli sur soi et de la honte, au sein des sphères familiales, scolaires et amicales.
Il y a Camille, sa mère, Mila et « la bande ». Les comédiens (Manon Charrier, Benjamin Lamy Berrué, Alice Le Bars et Zélie Thareaut) joueront tour à tour tous les rôles. Camille est une adolescente timide devenue bouc émissaire de « la bande ». Mila est une sorte d’amie imaginaire. Et puis il y a l’école, la cour de récré, l’écran du téléphone et le cours de piano. Un à un, les chapitres de la pièce sonnent comme une horloge à retardement et mettent en place l’infecte spirale. Chapitre 1 : le baptême. Camille sera la « grosse cochonne » du collège. Ensuite, il y a les attaques physiques, les moqueries publiques, et l’humiliation. En interprétant chacun leur tour la jeune fille et les membres de « la bande », les comédiens avertissent : il n’y a aucune prédétermination à être harcelé.
À l’école comme à l’abattoir, le piège finit toujours par être fatal
À Avignon, le plateau est blanc, aseptisé. Des portants métalliques roulants ajustent l’espace, dévoilant les lieux où Camille, peu à peu, s’enfonce dans son mal-être. Sa mère ne voit rien. « Je suis passée à côté. Je ne me suis pas rendue compte » dira-t-elle une fois le drame survenu. Il y a aussi cette étonnante narration parallèle qui met en scène Albi, un porc albinos qui doit faire sa place parmi les siens et qui, avec assurance, se dirige droit vers sa fin. L’ensemble dévoile avec adresse un processus invisible et destructeur que l’on peine trop souvent à imaginer, y compris chez les encadrants scolaires qui refusent « toute responsabilité ». Cruelle mais nécessaire, la pièce résonne terriblement et met en lumière ce qu’on ne voit pas lorsque la rubrique Fait Divers fait tristement parler d’elle. Avec beaucoup de tact, les comédiens assurent un jeu réaliste où le pathos ne prend jamais le pas sur le propos, mais souligne le drame avec précision.
Louise Chevillard
à La MAIF. À 11h50. Durée : 2h20 (navette A/R inclue). Dès 12 ans.
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