« Mon petit grand frère » de Miguel-Ange Sarmiento, un seul en scène qui parle de non-dits et de résilience
D’inspiration autobiographique, ce seul en [...]
Julie Deliquet adapte le remarquable documentaire Welfare (1973) de Frederick Wiseman, qui filme la vie d’un centre d’aide sociale à New York. Avec quinze personnages, la partition citoyenne éclaire le désespoir des démunis et la nécessité de l’aide.
Cette pièce est née d’une rencontre entre un documentariste qui aime le théâtre et une metteuse en scène qui aime le cinéma. Depuis longtemps, Frederick Wiseman souhaitait que son film Welfare soit adapté au théâtre ; c’est lui, parce qu’il apprécie son travail, qui a proposé à Julie Deliquet – qui a créé Fanny et Alexandre d’après Ingmar Bergman, Un conte de Noël d’après Arnaud Desplechin ou Huit heures ne font pas un jour d’après Rainer Werner Fassbinder – de relever ce défi. Remarquable, le documentaire de Frederick Wiseman nous immerge dans le quotidien de personnes extrêmement précaires qui se rendent dans un centre d’aide sociale, à New York, en 1973. Noirs, blancs, jeunes, vieux… : quelle que soit leur identité, leur absolue détresse les rassemble. Estomacs vides, expulsions imminentes ou déjà actées, longues marches d’un lieu à l’autre pour constituer un dossier auquel il manque toujours une pièce… Chaque cas, unique, relève d’une complexité spécifique. Filmés en gros plan, les visages désespérés bouleversent. Parfois au tragique des situations se mêle une forme d’absurde et de cocasserie. À travers l’un des demandeurs surgit le racisme. D’emblée, on s’est demandé comment le théâtre pourrait « rivaliser » avec la puissance brute des images et des dialogues qui se succèdent, avant de se dire que l’illusion du théâtre imposait de se situer sur un terrain autre, qui, évidemment, se démarque d’une imitation du réel, crée d’autres images. Ainsi Julie Deliquet souhaite « agrandir, déplacer et dézoomer », en un pari difficile. En outre, et peut-être que cela complique encore l’adaptation, nous ne sommes pas ici sur n’importe quel plateau, mais dans la Cour d’honneur du Palais des papes, lieu sublime dont souvent les metteurs en scène utilisent la grandeur et la beauté.
Des paroles urgentes et des preuves à fournir
Quelle forme la metteuse en scène et les siens ont-ils choisie pour rendre compte de la vulnérabilité criante de celles et ceux qui ont besoin d’aide pour survivre, des méandres des rouages administratifs, des insuffisances de l’aide d’urgence ? Au lieu des multiples bureaux du centre, la mise en scène installe judicieusement les protagonistes dans un gymnase d’école, transformé par les autorités en centre d’accueil temporaire d’urgence au plus froid de l’hiver. Ils sont une dizaine à attendre leur tour, accueillis par quatre employés, tandis qu’un sergent veille à éviter tout débordement. Ce qui frappe, dans ce centre où l’écoute implique une recherche de solution, c’est cet enjeu d’une parole quasi inopérante tant elle doit impérativement se transformer en pièces justificatives, en preuves parfois impossibles à fournir. Dans un rythme inégal, les excellents comédiens ne parviennent pas tout à fait, ici, à éviter l’écueil d’une théâtralité trop visible pour laisser place à la nudité d’êtres exclus du corps social. Ce théâtre citoyen sera sans doute plus percutant sur un plateau que dans l’immensité de la Cour.
Agnès Santi
à 22h ; relâche le 9. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h30.
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