« M.A.D ! Je te promets la forêt rebelle » de Joséphine Serre
Joséphine Serre emprunte le chemin de la [...]
Recherchant un auteur pour écrire leur histoire, des personnages de théâtre s’immiscent dans le travail d’une troupe en répétition… C’est Six personnages en quête d’auteur, pièce mythique de Luigi Pirandello que Marina Hands met en scène au Théâtre du Vieux-Colombier.
Comment est née votre envie de faire de la mise en scène ?
Marina Hands : J’avais cette envie en moi depuis très longtemps. Je dirais même que, lorsque j’avais 20 ans, c’est quelque chose qui était au cœur de mon désir de théâtre. Je rêvais de fabriquer des spectacles. Dans un premier temps, je ne voulais pas du tout devenir actrice. J’étais fascinée par l’espace théâtral, qui était pour moi, depuis mon enfance, un endroit magique. Ce que je suis en train de vivre aujourd’hui, en tant que metteuse en scène, c’est peut-être ce que je préfère de tout ce que j’ai pu expérimenter depuis mes débuts au théâtre…
Comment expliquez-vous cela ?
M.H.: Le travail que j’accomplis me donne l’impression d’être entière, comme s’il conférait un sens absolu à ma vie. Mettre en scène me met en relation avec tout ce que j’aime au théâtre.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur cette pièce ?
M.H.: Cette pièce est vraiment la prolongation des questionnements que j’ai pu avoir en tant qu’actrice et que j’ai, aussi, en tant que spectatrice. Six personnages en quête d’auteurinterroge la nécessité du théâtre. La pandémie que l’on vient de traverser m’a permis de redéfinir l’importance que le théâtre avait dans ma vie et, plus globalement, dans notre société. Les écrans fonctionnaient toujours, mais les théâtres étaient fermés. Cette pièce parle d’une troupe en plein désœuvrement, d’un théâtre en état de crise, de gens qui ne trouvent plus de sens dans la pratique de cet art.
Qui sont ces six personnages ?
M.H.: Ce sont des êtres qui ne peuvent pas survivre sans être représentés. Je mets cette situation en lien avec le besoin très fort qu’ont les gens, aujourd’hui, d’être vus, d’être entendus, d’être écoutés. Pour moi, la pièce de Pirandello résonne avec la place qu’ont pris les réseaux sociaux dans notre monde. Si les gens n’ont pas accès à une plateforme médiatique, ils se sentent invisibles. Il y a, à notre époque, un drame de l’invisibilité.
Qu’est-ce que cette pièce dit, pour vous, du rapport entre fiction et réalité ?
M.H.: Je me suis toujours posé la question de la nécessité de la fiction. Car la réalité est insupportable. L’art filtre, magnifie, permet de réfléchir, de se regarder les uns les autres, de s’observer plutôt que de se battre. Le plateau est comme un endroit de médiation. Dans Six personnages en quête d’auteur, l’endroit du dialogue, c’est le plateau de théâtre. À cet endroit-là, se créent des possibilités d’interactions très belles, des possibilités d’interactions poétisées. Dans sa pièce, en plus de la nécessité du théâtre, Pirandello défend la nécessité de la poésie.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au samedi à 20h30, les dimanches à 15h, les mardis à 19h. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr.
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