Rebibbia d’après L’Université de Rebibbia de Goliarda Sapienza, mise en scène de Louise Vignaud
Dans Rebibbia, Louise Vignaud adapte un texte [...]
Marguerite Bordat, Jeanne Bleuse, Noémi Boutin et Pierre Meunier animent une veillée en forme d’oratorio dédié aux quatre éléments, à partir des textes de Gaston Bachelard. Plaisante invitation à la rêverie…
Installés autour de la scène selon un dispositif trifrontal, les spectateurs sont accueillis par Jeanne Bleuse, Noémi Boutin et Pierre Meunier comme des amis venus passer la soirée pour écouter des histoires. Les personnages évoqués sont le feu, la terre, l’eau et l’air. On suit leurs aventures et leurs transformations avec un plaisir guilleret et cette impression de familiarité que l’on éprouve toujours face au conteur d’une veillée : on sait tout de ces éléments qui nous entourent, mais on adore que le théâtre redise l’évidence de leur beauté et de leur poésie secrète. Les textes de Gaston Bachelard sont portés par Pierre Meunier, qui les interprète en bonhomme truculent assembleur de nuées, et ses rêveries élémentaires sont retranscrites par les instruments des deux musiciennes surdouées, soit qu’elles improvisent, soit qu’elles fassent surgir les bribes d’œuvres déjà écrites (Béla Bartok, György Ligeti, Claude Debussy, Benjamin Britten, Henry Cowell ou Franz Schubert comme compagnons principaux).
Spectacle à voir et à rêver…
Mâchouiller, triturer, pincer, frapper de la main, tapoter avec le feutre du marteau, casser, caresser, brûler, noyer : tous les éléments scéniques sont transformés en matériaux sonores que les trois interprètes s’amusent à faire gémir, rire et crier. On dirait Thor battant la campagne avec Thialfi et Roskva, ses deux enfants serviteurs, et assénant des coups de marteau sur tout ce qui bouge, pour en éprouver la résistance et en dévoiler les mystères. L’impression de capharnaüm organisé et de joyeux bazar qui naît de ce spectacle est en cela fidèle au texte inaugural extrait de L’Air et les songes : « On veut toujours que l’imagination soit la faculté de former des images. Elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images. » Jeanne Bleuse, Noémi Boutin et Pierre Meunier déforment à l’envi et font naître des sensations inouïes. L’ensemble compose un paysage mental dont les couleurs sont posées, touche après touche, éclat après éclat, entre contemplation amusée et rêverie stimulante.
Catherine Robert
Du mardi au vendredi à 20h, samedi à 18h, dimanche à 17h. Tél. : 01 48 70 48 90. Tournée : 10 et 11 mars aux Quinconces, scène nationale du Mans ; du 28 au 30 avril au Théâtre d’Orléans, scène nationale ; du 17 au 20 mai au Théâtre de Lorient, CDN ; du 31 mai au 3 juin à la Comédie de Saint-Etienne. Durée : 2h15. Spectacle vu à la MC2 de Grenoble.
Dans Rebibbia, Louise Vignaud adapte un texte [...]