La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Ma vie de jolie fille

Ma vie de jolie fille - Critique sortie Théâtre
Crédit photo (en minuscules) : tony frank Légende photo : « Récits, chansons : Jackie Berroyer illustre sa passion pour les filles d’âge tendre. »

Publié le 10 octobre 2007

Accompagné à la guitare par Brice Delage, Jackie Berroyer tente de donner du mordant à un divertissement musical parsemé de calembours et autres traits d’esprit. Une tentative qui achoppe.

« J’étais donc sous cette fille, ce qui est mieux que d’être sous Franco, ou sous antibiotiques… »« Je ne voudrais pas que l’on m’accuse de donner de la femme serbe une image belgradante… » Ne laissant passer aucun jeu de mots, s’ingéniant ponctuellement — et malicieusement — à décocher les moins reluisants, Jackie Berroyer réinvente sa vie sentimentale et érotique à la mesure d’une manière de laisser-aller. Un laisser-aller en forme d’autodérision qui projette le reflet d’un sexagénaire égoïste, misogyne, ancien présentateur météo d’une chaîne de télévision câblée qui se demande s’il aurait autant de succès avec les jeunes filles sans sa notoriété. Ce laisser-aller, tant thématique que stylistique, Jackie Berroyer l’use jusqu’à la corde, pensant pouvoir profiter tout au long de son spectacle de l’intérêt et de la bienveillance que suscite sa personnalité décalée. Mais, très vite, ce capital sympathie se tarit. Car Ma vie de jolie fille s’enferme dans trop de désinvolture, fait usage de trop nombreuses facilités, de suites d’imageries et de propos insuffisamment frappantes, audacieuses, singulières…   
 
Un exercice d’autodérision et de provocation                                        
 
Ainsi, ce texte ne porte pas aussi loin et aussi fort qu’il le pourrait, Jackie Berroyer n’ayant trouvé ni le ton, ni la matière de cet aperçu d’autofiction amoureuse. La forme de nonchalance avec laquelle il pousse la chansonnette, bredouille ses anecdotes intimes et ses pâles réflexions sur l’amour, sur la vie, finit par tourner en rond, distille une assez ennuyeuse impression de remplissage, voire de paresse. Car l’auteur-comédien, manifestement en mal d’inspiration, n’a pas su enrichir son écriture et son univers scénique de la belle fantaisie qui semble naturellement être la sienne. Ma vie de jolie fille manque ainsi cruellement de souffle, d’imagination, peut-être tout simplement d’exigence. Bien sûr, il arrive que l’on sourie d’un mot ingénieux, d’une formule adroite, d’un couplet plaisamment railleur ou surréaliste. Il arrive que l’on apprécie la visée politique de certaines remarques ou prises de position, le caractère subversif de quelques exubérances poussées à leur paroxysme… Mais, au final, le poids de ces quatre-vingt-dix minutes de représentation paraît beaucoup trop lourd au regard de si maigres bénéfices. 
 
Manuel Piolat Soleymat


Ma vie de jolie fille, écrit et interprété par Jackie Berroyer. Du 26 septembre au 28 octobre 2007 à 18h30. Relâche les lundis. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris. Réservations au 01 44 95 98 21.

A propos de l'événement


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