La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2017 - Entretien / Arnaud Anckaert

Séisme

Séisme - Critique sortie Avignon / 2017 Avignon Avignon Off. Artéphile
DR

Arthéphile / de Duncan MacMillan / mes Arnaud Anckaert

Publié le 25 juin 2017 - N° 256

Arnaud Anckaert et le théâtre du Prisme poursuivent leur exploration d’un théâtre de l’immédiat. Après notamment Nick Payne et Alice Birch, ils invitent à découvrir une pièce de Duncan MacMillan, où un couple d’aujourd’hui s’interroge face à la quetion de la parentalité. Une première en France.

Vous poursuivez votre exploration du théâtre anglo-saxon d’aujourd’hui. Qu’appréciez-vous dans ce théâtre ?  

Arnaud Anckaert : Je ne pourrais pas résumer tout ce qui me plaît dans le theatre anglo-saxon, qui est de plus d’une grande diversité ! J’aime le théâtre fait pour les acteurs et pour le plateau. Travailler avec les acteurs sur nos rêves, nos limites et nos contradictions, voilà ce qui me passionne. Ce qui est puissant dans ce texte de Duncan, c’est l’alliance d’un propos actuel sur la société avec des questions intimes très profondes. C’est souvent le cas chez les anglo-saxons et nous sommes fiers de faire à nouveau découvrir un texte et un auteur.

« Travailler avec les acteurs sur nos rêves, nos limites et nos contradictions, voilà ce qui me passionne. »

Quels sont les enjeux du dialogue entre F et H ? Que raconte-t-il sur notre époque ?

A. A. : F et H dialoguent sur le fait d’avoir un enfant, et leur conversation interroge le champ personnel et aussi l’état du monde aujourd’hui. Elle traduit une angoisse et une immense incertitude face à l’avenir. Pour ce couple, avoir un enfant est un séisme. La pièce en anglais s’appelle Lungs, ce qui est la traduction de poumon en anglais. Le poumon, c’est l’organe du souffle et de la vie. Aujourd’hui, avec la crise du sens et l’essoufflement des idéologies, s’est accéléré un mouvement de désespérance mortifère, même si, heureusement l’envie de s’engager pour une cause est encore là chez certains. Malgré tout, nous naviguons entre un relatif confort et une angoisse insupportable liée aux injonctions d’une société ultra libérale. Dans Séisme, la crise que traverse ce couple est donc légitime et symptomatique. Pourquoi donner la vie alors que les ressources sont en voie d’extinction et que le monde semble condamné ? Qu’est-ce qu’être parent dans ces conditions ? La société est devenue irrespirable, alors que faire ? Comment faire des choses bien ? Et comment rompre avec ce climat toxique et pessimiste ?

Comment abordez-vous la mise en scène de cette conversation ?

A. A. : Je me concentre sur l’essentiel, à savoir sur les acteurs, Mounya Boudiaf et Maxime Guyon. C’est plutôt réjouissant et joyeux comme démarche. Pour nous la question du rythme se pose tout le temps, c’est comme une partition musicale. C’est une longue conversation, la conversation de toute une vie avec les joies , les peines et l’amour… Nous plongeons dans les moteurs de la conversation et essayons d’être attentifs à ce qui se passe. La pièce est prévue pour être jouée sans effets. J’ai donc conçu un espace scénographique où tout est concentré, avec la volonté de cerner l’essentiel. Pour moi, il s’agit de faire tomber les masques et dénicher ce qui se cache sous les mots et sous les discours.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Séisme
du vendredi 7 juillet 2017 au samedi 29 juillet 2017
Avignon Off. Artéphile
7 Rue Bourgneuf, 84000 Avignon, France

à 13h. Tél : 04 90 03 01 90.

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