La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Lucrèce Borgia

Lucrèce Borgia - Critique sortie Théâtre Paris Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Lucrèce Borgia, mise en scène par Lucie Berelowitsch Crédit Photo : Nicolas Joubard

Athénée Théâtre Louis-Jouvet / de Victor Hugo / mes Lucie Berelowitsch

Publié le 28 septembre 2013 - N° 213

Créée en janvier dernier au Trident – Scène nationale de Cherbourg-Octeville, la mise en scène de Lucrèce Borgia signée par Lucie Berelowitsch est présentée au Théâtre de L’Athénée. Un spectacle déséquilibré qui peine à éclairer les enjeux essentiels de la pièce de Victor Hugo.

Quelques flaques. Des résidus de terre. Une atmosphère d’obscurité quasi permanente. Des postures de désordre et de brusquerie. Des passages en force : corporels, vocaux… La version de Lucrèce Borgia qu’a élaborée Lucie Berelowitsch prend le parti de la noirceur et des bas-fonds. « La pièce est faite d’émotions premières, fait remarquer la metteure en scène. Elle a un côté immédiat, brutal et simple. Elle parle de tout ce qui relève des fantasmes, de tout ce qu’il y a de caché, pulsions et forces. » L’univers théâtral du spectacle qui se joue à L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet (la scénographie est de Kristelle Paré, les lumières de Sébastien Michaud, les costumes de Caroline Tavernier) nous plonge dans la grandiloquence trouble d’un rêve funeste. Un rêve comme une spirale du malheur qui emportera dans son mouvement une brassée d’êtres humains. Lucrèce Borgia bien sûr (Marina Hands), mère et femme torturée, empoisonneuse honnie par ses contemporains. Mais aussi Gennaro (Nino Rocher), son fils caché, capitaine pur et valeureux qui voue un amour inconditionnel à la mère qu’il n’a jamais connue.

 

Du grotesque, peu de sublime

 

Mise en miroir du monde, la pièce de Victor Hugo renvoie aux élans et aux aspects contradictoires de l’homme, à la noirceur mais aussi à la lumière qui traversent et composent le vaste paysage de l’humanité. En surinvestissant l’une des deux dimensions de cette ambivalence fondamentale, Lucie Berelowitsch passe à côté de ce qui fait la force et la beauté du théâtre hugolien : le grotesque, certes, mais aussi le sublime, l’éclat, la grâce, la pureté… Ici, pas grand-chose de tout cela. Comme l’a exprimé le grand écrivain au sein de la préface de sa pièce Cromwell : dans son théâtre, ces notions opposées doivent se tenir. Et les beaux moments d’intensité de Marina Hands et Dan Artus (dans le rôle de Don Alphonse) ne suffisent pas à donner corps à ce maillage-là. Cette vision déséquilibrée de Lucrèce Borgia ne parvient jamais vraiment à appréhender l’écart que nous devrions parcourir : de l’ombre à la lumière, de la lumière à l’ombre.

 

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Lucrèce Borgia
du jeudi 3 octobre 2013 au samedi 19 octobre 2013
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
square de l’Opéra Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau, 75009 Paris

Du 3 au 19 octobre 2013. Le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h. Matinée exceptionnelle le dimanche 13 octobre à 16h. Durée de la représentation : 1h55. Tél. : 01 53 05 19 19. Spectacle vu 2013 au Centre dramatique régional de Tours.   Egalement les 5 et 6 novembre 2013 au Théâtre des Deux Rives à Rouen, le 5 décembre au Préau à Vire, les 11 et 12 décembre à la Comédie de Caen, du 4 au 9 février 2014 au Théâtre national de Nice.
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