Love and money

Sept plans séquences permettent de raconter à rebours l’histoire de David et Jess, de la brutale explosion de leur couple à la demande en mariage initiale. Que s’est-il passé pour que la passion se transforme en exercice comptable ? Un prof de lettres gauchiste métamorphosé en requin de la finance, une jeune femme idéaliste devenue acheteuse compulsive pour combler le vide de son âme, une jeune croyante psychorigide et méprisée transformée en prédatrice obsédée par l’argent et le pouvoir, des parents aimants changés en prédateurs sordides : l’argent est un puissant révélateur…

Les eaux glacées du calcul égoïste

A l’instar de Marx interrogeant, dans Le Manifeste du Parti communiste,les pouvoirs du capitalisme, Dennis Kelly se demande comment la modernité a réussi « à noyer les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste »… Illia Delaigle s’empare de cette partition virtuose en faisant tourner les tables du décor. La metteure en scène s’appuie sur le travail de comédiens généreux, qui investissent avec énergie ces personnages compliqués et pourtant très ordinaires, dont la vie « reflète la complexité du désordre consumériste où nous sommes tous joyeusement impliqués. »

Catherine Robert