L’Occupation
Romane Bohringer, magnétique, éblouissante et [...]
Pour sa dernière mise en scène au Théâtre de l’Aquarium, François Rancillac poursuit son sillon sur un thème qu’il a déjà exploré avec Cherchez la faute ! : la laïcité. Un spectacle né d’une commande passée à la jeune autrice Mariette Navarro.
Votre spectacle, comme le précédent, part du constat que la laïcité est dévoyée. Pensez-vous qu’il y a urgence à s’emparer de la question de la laïcité au théâtre ?
François Rancillac : Oui, car c’est un vrai sujet de société. Depuis quelques décennies, quelque chose se tend anormalement sur cette question qui était devenue une sorte d’évidence dans notre pays. La loi de 1905 n’a jamais interdit à quiconque de manifester ses convictions – religieuses ou autres. Les seules personnes qui doivent rester neutres sont celles qui représentent l’État ou qui travaillent dans les services publics pour que justement tous les citoyens puissent accéder à ces services publics sans se sentir jugés pour leurs propres convictions. La laïcité a été un projet de haute lutte mené pour pacifier la France à un moment où on était presque au bord de la guerre civile. Cette loi libérale, au sens philosophique du terme, est venue affirmer la liberté de conscience et fédérer les Français quelles que soient leurs convictions politiques, morales, religieuses, etc., au sein d’une même nation, dans la diversité.
Vous dites vous-même que vous n’êtes pas militant mais vous portez cette question au théâtre. Quelles en sont les vertus ?
F.R. : En effet, je ne suis pas encarté, j’ai du mal avec les manifestations, donc j’essaie de partager et de porter ces questionnements à l’endroit qui est le mien, le théâtre, ce bel endroit de face-à-face entre l’histoire que des gens vivants (les acteurs et actrices) proposent à d’autres gens vivants (les spectateurs). Et cela doit susciter de la réflexion, du partage, des questionnements, du débat. Un débat qui, je l’espère, ne tombe pas tout de suite dans la polémique.
Qui sont les hérétiques qui donnent leur titre à la pièce ?
F.R. : Ce que l’on apprend au fur et à mesure de la pièce, grâce au personnage d’une femme ballotée entre des sorcières anticléricales et une jeune femme très croyante, c’est que l’hérésie n’a pas que le sens chrétien d’« être sorti de la vraie voie de l’Église ». Le premier sens de l’hérésie est très positif : je suis hérétique car je fais des choix, je prends parti, je fais acte de ma liberté. Cette hérésie est une sorte d’éloge de la liberté. La seule limite est le respect du droit et l’ordre public.
Propos recueillis par Isabelle Stibbe
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Tél. : 01 43 74 99 61.
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