L’impressionnant FUTUR PROCHE de Jan Martens
Grâce à une scénographie minimaliste et [...]
Dans Les Grands Entretiens, les comédiens Fanny Zeller, Clément Beauvoir et Olivier Berhault font revivre des auteurs réels d’hier dans le cadre d’une émission fictive d’aujourd’hui. Très simple, intimiste, leur théâtre donne joyeusement chair aux mots.
Régulièrement transposé au théâtre, le modèle de l’entretien télévisé ou radiophonique y a connu quelques fortunes. On pense par exemple à Déshabillez-mots, où Léonore Chaix et Flor Lurienne ont des années durant convoqué sur scène des Mots après l’avoir fait sur les ondes de France Inter. L’histoire de Radio Live des journalistes Aurélie Charon et Amélie Bonnin, où sont invités de jeunes activistes du monde entier, est très proche. Son succès aussi, qui mène les deux intéressées à poursuivre leur aventure théâtrale avec un deuxième opus. Les Grands Entretiens de Fanny Zeller, Clément Beauvoir et Olivier Berhault sont en train de connaître le même succès. Plus discrètement peut-être, leurs trois créateurs n’ayant pas commencé par un autre medium avant de créer au théâtre leur émission, télévisée cette fois. Nostalgiques des grandes émissions littéraires, dont le modèle était Apostrophe de Bernard Pivot, les trois comédiens commencent en 2016 à ressusciter des auteurs du XXème siècle le temps d’un entretien. Au Festival d’Avignon où nous les découvrons, ils viennent avec plusieurs de leurs binômes – chaque soirée est composée de deux discussions. Délicieuses.
Duras, Gary, Simenon et les autres
Presque comme on « tombe » sur une émission en zappant, nous assistons pour notre part aux entretiens de Violette Leduc et Romain Gary. Fanny Zeller incarne la première, Clément Beauvoir le deuxième. Et, comme toujours, le troisième larron, Olivier Berrault, endosse le rôle du présentateur curieux autant de l’écriture de ses invités que de leur vie privée. Assumé avec subtilité, l’anachronisme de leur proposition suscite un doute bienvenu sur la nature de la parole qui nous est offerte. Violette Leduc a-t-elle vraiment employé ces mots pour évoquer sa laideur, son avarice, son admiration pour Simone de Beauvoir ou encore sa grande solitude ? Et Romain Gary pour dire ses deux amours – pour la littérature et la féminité –, sa solitude aussi ou encore son rapport très chaleureux avec la mort ? Si les artistes lèvent l’ambiguïté dans leur dossier – toutes les phrases qu’ils prononcent l’ont été par les auteurs dans le cadre d’entretiens réels –, elle permet d’ajouter du trouble à une matière par ailleurs très sérieuse, très documentée. Tout comme le fait le jeu de Fanny Zeller et Clément Beauvoir, excellent, en amenant une part de fiction à ces Grands Entretiens. La parole brute, souvent inattendue que ceux-ci nous donnent à entendre prend ainsi une belle et riche vie.
Anaïs Heluin
à 19h, relâche les 13, 20 et 27 juillet. Tel : 04 32 76 24 51. www.theatredeshalles.com
Grâce à une scénographie minimaliste et [...]
Odyssée immersive sous casques, avec vidéo, [...]