Les éclairs, opéra de Philippe Hersant

On sait, au moins depuis Ravel, roman paru en 2006, que Jean Echenoz a le goût de la musique (et des musiciens). On le devinait, du reste, bien avant. Avant même Cherokee (1983), clin d’œil au jazz, puisque déjà Le Méridien de Greenwich, premier roman (1979), avait quelque chose d’indéniablement musical : le rythme (avec un goût pour la syncope), la couleur — on dirait presque le timbre — des mots, l’art subtil de la variation. L’écriture de Jean Echenoz sait se donner à entendre ; Anne-Marie Lazarini l’avait remarquablement démontré en portant sur scène le texte même de Ravel à l’Artistic Théâtre en 2013. Pour l’opéra de Philippe Hersant, donné en création à l’Opéra Comique, l’auteur a remis sur le métier Des Éclairs (2010), troisième et dernier roman de cette « suite de vies imaginaires », consacré à Nikola Tesla, inventeur, entre autres, du courant alternatif. « Le livret reprend l’argument général de l’ouvrage, mais dans une organisation entièrement différente, précise Jean Echenoz. Les personnages, les lieux, les situations et les dialogues ont été recréés pour servir la forme singulière d’un opéra ». Le compositeur a quant à lui déjà montré avec quelle acuité il sait jouer sur l’imaginaire tant de ses auditeurs que de ses personnages, notamment dans Le Château des Carpathes (1992), d’après Jules Verne, l’une des grandes réussites de l’opéra contemporain. La création sera assurée par Ariane Matiakh avec l’Ensemble Aedes, l’Orchestre philharmonique de Radio France et une brochette de jeunes solistes dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger.

Jean-Guillaume Lebrun