Avec le merveilleux « Exit », Charles Templon lève le tabou sur la fin de vie assistée
Charles Templon, inspiré du documentaire [...]
Les Dramaticules partent à la recherche du mont Analogue, adaptant le roman inachevé de René Daumal. Une exploration du théâtre, de la vie, de l’époque, à la fois profonde, foisonnante et drôle.
Bon sang ne saurait mentir ! Lorsque les Dramaticules créent un nouveau spectacle, le résultat est intelligent, captivant, fin, à la fois caustique et touchant, toujours remarquablement mis en scène. Leur nouvel opus ne déroge pas à l’habitude : on revient l’esprit ébouriffé et le cœur joyeux de leur expédition océano-mystique et alpo-métempirique ! Pour escalader le mont Analogue, inventé par René Daumal dans un roman culte, Jérémie Le Louët et ses compagnons parient sur la mise en abyme. Curieux paradoxe et habile parabole ! Ils évoquent leur compagnie et les relations entre ses membres, mais aussi notre époque, ses égarements, ses fantasmes, ses angoisses millénaristes. Ils explorent aussi la manière dont chacun se débrouille pour ne pas « céder sur son désir », « la seule chose dont on puisse être coupable », si l’on en croit Lacan. Pour continuer à faire du théâtre par gros temps, les Dramaticules multiplient les inventions poétiques et farfelues, les saillies et les boutades ; ils lancent des pistes pour les abandonner, des perches interactives qui se transforment en boulettes. Les scènes se succèdent et finissent par conduire la troupe et le public, embarqués ensemble dans cette drôle d’expédition, au sommet du mont Analogue.
Plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel, qu’importe !
Sonorisation et bruitage à vue, toile recouvrant le plateau comme la neige les sommets éternels, utilisation suggestive et soignée de la vidéo et des micros, costumes loufoques et interprétation qui batifole entre les différents niveaux de jeu : tout participe à l’illusion en même temps qu’il la révèle. Le théâtre apparaît comme la métaphore de toutes les aventures dans lesquelles s’engagent les hommes, des embardées sectaires aux utopies d’émancipation collective, pour donner du sens à leur condition. En révélant leurs doutes ou en répétant leur enthousiasme, les comédiens, qui s’amusent à mêler réel et invention, offrent à chacun de se reconnaître dans leur volonté de cheminer pour parvenir à tutoyer les étoiles, parler avec les fantômes, dépasser leurs peurs et surmonter leurs contradictions. Ceux qui font du théâtre et ceux qui regardent, ceux qui s’activent et ceux qui doutent, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient plus : tous palpitent ensemble. Comme Don Quichotte explore la Mancha pour actualiser les romans de chevalerie, ce spectacle prouve que l’aventure est belle, à condition qu’on s’y engage. Les discours anxiogènes dont raffole notre époque sont alors rendus à leur caractère castrateur : si le théâtre sait inventer des mondes, il ne sert à rien de se complaire dans l’aboulie. En route « au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau » !
Catherine Robert
à 22h20, relâches les 8 et 15. Tel : 04 84 51 20 10. Spectacle vu à la Maison des Arts de Créteil. Durée : 1h35.
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