« Les Femmes Savantes » de Christian Schiaretti met en jeu les ambigüités de l’émancipation féminine
Heureuse perspective ! Christian Schiaretti [...]
En honorant la commande du Studio | ESCA, l’auteur Fabrice Melquiot signe une pièce surprenante qui invente quasiment un nouveau genre dramatique aux confins du tragi-comique et du fantastique. À cette extravagance littéraire répond une mise en scène exigeante et non moins inspirée de Paul Desveaux. Une expérience à vivre.
Le terme d’expérience, choisi par Tatiana Breidi et Paul Desveaux, co-directeurs du Studio-Esca pour signifier l’engagement programmatique de l’École Supérieure des Comédien-ne-s par l’Alternance sur le terrain de la fabrication d’un théâtre contemporain, n’a peut-être jamais été autant pris au sérieux. Troisième invité, après Samuel Gallet et Pauline Sales, dans ce cycle de productions originales sur commande, le poète, romancier et dramaturge Fabrice Melquiot profite à plein de l’aubaine expérimentale pour écrire une pièce d’une créativité foisonnante, inventant un théâtre de « fantasy ». Lost in Stockholm, en frayant avec l’absurde, le merveilleux, le catastrophisme burlesque, l’imaginaire fantastique, le poétique déjanté, narre les péripéties d’un groupe de touristes en mal d’évasion, en quête d’un ailleurs, d’un meilleur. Le pire n’est pas loin. En suivant ce fil conducteur rocambolesque sur le fond d’une critique de notre société moderne, l’auteur, dont on connaît la propension philosophico-poétique, interroge ici et maintenant – non sans humour – notre rapport au temps, à l’espace et aux univers parallèles, au vrai, au faux, et à la vraisemblance.
Un jeu aussi nuancé qu’efficace
Comment donner forme scénique à la richesse et à l’excentricité du propos, frictionnant entre le réel et l’irréel ? Le choix d’un minimalisme scénographique et d’un réalisme poétique a été fait par Paul Desveaux. L’action, qui nous saisit d’entrée de jeu, est recentrée sur le lieu de destination des protagonistes partis à l’aventure avec ce très « créatif » tour operator suédois, qui tient ses clients dans l’ignorance de leur destination finale : le cimetière boisé de Stockholm. Quelques pierres tombales stylisées peuplent le plateau. Et ne le quitteront pas. Un grand écran en fond de scène image la course lunaire, rythmant le développement de l’intrigue. Le cadre est conçu pour libérer les possibilités du jeu dans toute la gamme ouverte par la pièce. Quant aux jeunes acteurs de l’Esca, invités à faire entendre toutes les nuances d’une partition difficile parfaitement maîtrisée par le metteur en scène, ils se saisissent avec enthousiasme et brio de l’opportunité offerte en déployant leurs indéniables qualités d’interprète. Au milieu d’eux, la comédienne Anne Le Guernec, est égale à elle-même, aussi subtile qu’efficace. Tout nous entraîne, jeux de lumières (Laurent Schneegans), chorégraphie (Jean-Marc Hoolbecq), costumes (Philippine Lefèvre), musique (Emmanuel Derlon), à saisir la portée métaphorique surréaliste de cette fable très contemporaine.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Le jeudi à 19h, le vendredi à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 15h, relâche les lundis, mardis et mercredis. Tél : 01 47 90 95 33. A partir de 14 ans. Durée : 2h15.
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