Reprise de la très belle Mouette de Cyril Teste
Spectacle remarquable à la jonction du [...]
Il avait inauguré le Théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly en 2006 avec son éblouissant Mahabharata, recréé pour le Festival d’Avignon en 2014. Sa dernière venue à Paris date de 2018 avec Révélation.Red in blue trilogie au Théâtre de la Colline. Le metteur en scène japonais Miyagi Satoshi revient cette fois avec une pièce fondée sur le plus vieux récit du monde : l’Épopée de Gilgamesh, mythe oral sumérien du deuxième millénaire avant notre ère. Un enchantement !
Un enchantement esthétique, d’une beauté à couper le souffle. Les personnages du choeur mais aussi la musique jouée en direct disent l’histoire, tandis qu’au centre les acteurs muets racontent par le jeu, soutenu par une scénographie somptueuse, toujours en mouvement, et de superbes costumes. L’épopée de l’orgueilleux Gilgamesh se déploie donc à travers un délicat tissage, un entrelacement des effets parfaitement orchestré, une merveilleuse synergie qui captive à chaque instant. La lecture des surtitres devient quasi un frein à la perception, tant nous sommes portés par la brillante restitution scénique de l’épopée, qui crée un univers visuel et sonore éblouissant, ainsi que par la musicalité du japonais et le ballet des voix.
Un enchantement à chaque instant
Gilgamesh, demi-dieu, succède à son père sur le trône de la cité-état d’Uruk. Roi tyrannique, impétueux, ne taisant pas le moindre excès, il sème le désordre parmi son peuple qui, désespéré, fait appel aux dieux. Ces derniers créent alors Enkidu, imaginé pour contrer le souverain. Mais la stratégie s’avère infructueuse, et les deux personnages deviennent amis. S’ensuit alors la quête d’un royaume idéal, matérialisée par deux séquences que Miyagi a choisi de mettre en scène : le saccage de la forêt, et le voyage vers l’immortalité. La pièce se fonde sur une permanente confrontation entre humains et dieux, jeu et musique que Miyagi Satoshi met au cœur de son travail. Il pense une scénographie en deux axes, l’un évoquant le monde humain, dans un décor géométrique manipulé, et l’autre la puissance organique et monstrueuse du géant Humbaba – huit acteurs manipulent pour celle-ci une marionnette géante. Alors que plusieurs récits racontent Gilgamesh en héros, la compagnie japonaise, dans cette première mondiale, est à la recherche de la musicalité originelle du récit, tout en explorant l’humanité de son protagoniste. C’est une réussite pleine et entière. C’est un théâtre majuscule que proposent Satoshi Miyagi et le Shizuoka Performing Arts Center. À ne pas manquer ! Jusqu’à dimanche dans le très beau Théâtre Claude Lévi-Strauss du Musée du Quai Branly.
Louise Chevillard et Agnès Santi
Le 24 et 25 à 20h, le 26 à 18h, le 27 à 14h30 et 17h. Tél : 01 56 61 70 00. Durée : 1h30.
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