Festival JERK OFF
À travers 10 spectacles, trois expositions et [...]
Avec la troupe du Shizuoka Performing Arts Center, le metteur en scène Satoshi Miyagi s’empare de Révélation, le premier volet de la Red in Blue Trilogie de Léonora Miano. Une plongée japonaise dans la mémoire de la traite transatlantique.
En proposant à Satoshi Miyagi de porter sur scène Révélation, Léonora Miano avait un objectif précis : faire sortir l’histoire de la traite transatlantique de la confrontation Afrique/Europe qu’elle juge épuisée. Stérile. Et donner une chance à l’espace mythologique de sa pièce de prendre vie. Aux défunts qui la peuplent de retrouver une forme d’humanité. Encore fallait-il que le metteur en scène japonais trouve lui aussi un sens à ce pont culturel. Ce fut le cas. « La première chose qui m’a frappé, c’est à quel point la vision de la mort – ou ce qu’on pourrait appeler « le monde après la mort » – dans cette pièce est extrêmement proche de l’image que se font généralement les Japonais de l’au-delà, ou plutôt de ce que devient l’âme après la mort », explique-t-il. Après son Antigone qui fit en 2017 l’ouverture du Festival d’Avignon, Satoshi Miyagi quitte donc les rivages antiques pour ceux de la tragédie transatlantique.
Mémoire d’un crime
Dans Révélation, s’expriment des voix d’outre-tombe d’autant plus caverneuses qu’elles n’ont jusque-là été que très peu entendues. Celles des Subsahariens responsables de la traite. « Il était temps de nous confronter à leurs différents visages, sensibilités et circonstances », affirme Léonora Miano. Pourquoi ont-ils collaboré au crime ? Avec la troupe Shizuoka Performing Arts Center installée au pied du mont Fuji, qu’il dirige depuis 2007, Satoshi Miyagi pose la question. Et surtout, il cherche dans son spectacle à soulager la peine des âmes qu’il met en scène. Il imagine pour cela un rituel théâtral inspiré de diverses traditions – japonaises, mais pas seulement –, où la musique tient une place centrale. Car, dit-il, « d’une certaine manière, elle permet de transformer les corps des hommes en quelque chose d’abstrait. Grâce à son utilisation dans le spectacle, je souhaite sincèrement parvenir à ce que les comédiens s’adressent aux âmes des morts ».
Anaïs Heluin
Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30. Tel : 01 44 62 52 52.
À travers 10 spectacles, trois expositions et [...]