La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Festival

Le Silence des communistes

Le Silence des communistes - Critique sortie Théâtre

Jean-Pierre Vincent redonne voix à ceux qui se sont tus.

Publié le 10 juin 2007

« Ils étaient des millions dans le monde entier » et le monde a changé… Est-ce l’Histoire qui les a fait taire ou eux qui ont renoncé à parler ? Ont-ils encore des choses à dire ? Vincent interroge l’assourdissant silence des communistes.

Le syndicaliste libertaire italien Vittorio Foa, écrit, dix ans après la chute du mur de Berlin, à deux de ses amis, anciens responsables communistes, pour les interroger sur l’état et l’histoire de leurs convictions et tâcher d’élucider avec eux les raisons de la perte d’audience et de puissance du discours communiste. Alfredo Reichlin, « le play-boy de L’Unità», fut directeur du grand journal fondé par Gramsci. Miriam Mafai, largement impliquée dans les luttes des paysans après la Seconde Guerre mondiale, fut une militante active et une journaliste engagée. Miriam Mafai avoue : aux « vieux communistes » qu’elle rencontre et qui lui demandent «pourquoi nos dirigeants se disputent entre eux, pourquoi Berlusconi a gagné, pourquoi nous ne réussissons pas à le renverser », elle a honte de ne pouvoir répondre. Si pas plus que Reichlin, elle n’a vraiment cru au grand soir, elle raconte comment elle et les siens ont toujours cru à la nécessité et à la possibilité du changement, malgré les couleuvres avalées, malgré les questions laissées sans réponse (celles sur la liquidation des anarchistes et des trotskistes pendant la guerre d’Espagne notamment), malgré le débat sur l’inféodation au modèle soviétique, malgré le caractère apparemment inexorable de l’évolution du monde vers un libéralisme chaque jour moins complexé.

« Le raisonnable espoir que le rôle de la gauche redevienne historiquement nécessaire. »

« Le passé pèse lourd. » dit Alfredo Reichlin à la fin de sa première lettre ; « il est juste que la gauche reprenne la parole », dit-il à la fin de la seconde. Plus théorique et peut-être plus optimiste que Miriam Mafai, Rechlin refuse la nostalgie et lui préfère une réflexion sur les conditions d’un renouvellement des leviers de la lutte. Avec lucidité et honnêteté, les deux correspondants de Vittorio Foa évoquent les vicissitudes historiques du PCI, l’évolution des institutions, la mondialisation et ses effets, la valeur du travail, le pacifisme, etc. Choisissant une mise en scène au plus près du public, Jean-Pierre Vincent veut faire entendre ces voix dont notre époque et le catastrophisme ambiant ont besoin, selon lui. Après Luca Ronconi, qui avait créé ce texte en italien, le metteur en scène français a traduit et livre au public avignonnais un miroir dans lequel d’aucuns sauront, peut-être, se reconnaître et trouver la ressource et l’espoir des utopies continuées.

A propos de l'événement

Avignon 2007

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