Le roi nu d’après Evguéni Schwartz, mis en scène par Guy Theunissen
Sur l'Île de la Barthelasse, Le roi nu monté [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Pascal Reverte
Fabrice Hervé et Vincent Reverte (avec le génial Olivier Broche en cuisiniste à l’image) interprètent la théorie délirante orchestrée par Pascal Reverte. Intelligent et désopilant !
Quelle est l’histoire de ce texte ?
Pascal Reverte : Avec Fabrice et Vincent, les deux interprètes, nous avons longtemps œuvré dans une compagnie que nous avons quittée ensemble. Fabrice a décidé d’arrêter le théâtre. Il est devenu vendeur de cuisine. C’était un peu étrange pour nous qui continuions un travail de création qui nous a conduit à prendre la direction d’un théâtre. En vendant et en achetant des spectacles, devenions-nous, à notre tour des commerçants ? Troublé par cette ambiguïté dans notre rapport au commerce, j’ai eu envie de construire une comédie à travers une vraie-fausse autofiction entre Fabrice et Vincent. Fabrice joue Fabrice, un vendeur, et Vincent, Vincent, un acteur ! Fâchés, ils se sont perdus de vue, mais « un jour », comme disent les contes, Vincent achète une cuisine à Fabrice. Cet acte marchand leur permettant de se retrouver, ils décident de faire un spectacle pour raconter l’histoire de leur commerce amical et ne sont d’accord que sur le titre : La Théorie de l’enchantement.
De quel enchantement s’agit-il ?
P.R. : C’est un terme de marketing qui exprime le plaisir de la complexité du rapport à l’autre. Il n’est pas seulement question d’argent dans une relation commerciale, mais d’un échange humain qui se tisse entre l’acheteur et le vendeur. On voit la part de manipulation que cela induit dans une relation marchande, car le commerce soumet toute relation au même mécanisme. Cela m’a amusé de prendre le marketing au pied de la lettre et de prétendre pouvoir faire une théorie de cette alchimie insondable entre deux êtres, qu’il s’agisse de leur rapport aux objets, à l’amitié ou à l’art.
Quels sont les choix qui guident votre mise en scène ?
P.R. : Vincent et Fabrice habitent un présent suspendu dans une cuisine design, lieu où ils rejouent leurs souvenirs, qui ne se passent évidemment que dans des cuisines design ! Les temporalités, les points de vue, en revanche, changent constamment. Je souhaite que ce soit vif. Sans transition entre le passé et le futur, entre le fantasme et la réalité. Tout est au même plan. J’espère que cela produit ce petit vertige, quand la mémoire abolit la chronologie et la logique.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 20h50 ; relâche les 11 et 18 juillet. Tél. : 04 90 82 39 06.
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