RI TE – Paris Intermission, rencontre au sommet entre Israel Galván et Marlene Monteiro Freitas
La rencontre entre les monstres sacrés Israel [...]
Entre Arcadie rêvée et réel accablant, Thierry Malandain et ses 22 danseuses et danseurs proposent un périple magnifique et poignant.
Que d’émotions et de beauté dans cet opus de Thierry Malandain ! Superbement inventive, l’écriture traverse une histoire humaine tout en tensions et contrastes qui se déploie entre désir de beauté et douleur de vivre, entre le rêve d’un monde harmonieux et la réalité d’une vie sans horizon. Sobre et efficace, la scénographie enferme d’abord les danseurs dans un dispositif de multiples carrés en tubes de métal, permettant de mettre en jeu des mouvements millimétrés d’une grand force expressive, entre renversements abrupts et élans fugaces. Lorsque le dispositif s’élève et disparaît dans les cintres, c’est tout l’élan joyeux et lumineux du rêve qui apparaît. À l’unisson de la Symphonie Pastorale de Beethoven, qui ressuscite une Arcadie antique sereine et confiante, le chorégraphe fait référence à l’Antiquité grecque comme espace de rêve et d’idéal, où se libèrent des mouvements fluides et affirmés. L’écriture s’articule autour d’une figure centrale, objet de l’attention et sujet du périple, qui s’élance vers le rêve et s’avance vers la mort. Sorte de double du chorégraphe, ce personnage romantique est dansé par Hugo Layer avec une précision et une assurance époustouflantes, qui laissent transparaître en filigrane une sorte de fragilité.
Saisissants contrastes
Intemporelle, quasi abstraite, la danse exprime ici magnifiquement les poignants paradoxes de l’humain, des duos jusqu’aux mouvements d’ensemble. Les costumes sont superbes. De saisissants contrastes empoignent l’existence, entre la tristesse d’une vie réglée par de stériles automatismes, le corps ployé et le regard figé au sol, et le pur bonheur d’envolées qui emportent et galvanisent, bras tendus. Thierry Malandain et ses 22 danseuses et danseurs évoquent une fois de plus l’humaine condition dans son essence, et leur partition est pleinement réussie. L’art n’est ici ni l’illustration d’une intention, ni le reflet d’une conviction, ni la traduction d’une narration. Au-delà de la surface des choses, la danse acquiert plutôt une dimension spirituelle qui contre la petitesse et la tristesse du monde. Façonnée avec science et patience, elle révèle une beauté qui serre le cœur et nourrit l’esprit.
Agnès Santi
Les 8 et 9 décembre à 20h, le 10 à 19h, le 11 à 16h. Tél : 01 30 83 78 98. Durée : 1h10. Spectacle vu à la Gare du Midi à Biarritz en octobre 2019.
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