« C’est un réflexe nerveux on n’y peut rien », duo burlesque où le féminin se dé(b)ride
Dans C’est un réflexe nerveux… deux jeunes [...]
Après la trilogie L’A-Démocratie, Nicolas Lambert revient sur l’histoire de France et la sienne pour comprendre l’amnésie du roman national : un spectacle-miroir, qui touche autant qu’il interroge.
Par un patient travail de collecte et de mise en forme qui a duré plus de dix ans, Nicolas Lambert a construit un mémorial des forfaitures et des mensonges d’Etat : Bleu – Blanc – Rouge, l’A-Démocratie. Elf, la pompe Afrique relatait le formidable scandale qui révéla les arcanes mafieuses de la politique africaine d’une France maintenant ses anciennes colonies sous coupe réglée. Un avenir radieux, une fission française éclairait l’imbroglio de la politique nucléaire hexagonale, où manipulateurs de fonds et d’influence font fi de la démocratie au seul bénéfice des lobbies industriels. Le Maniement des larmes explorait les relations financières entre le complexe militaro-industriel et les hommes politiques français. Les relations entre la France et la « sous-France » ont causé et continuent de produire bien des souffrances : le temps est venu, avec La France, Empire, d’examiner le silence après le mensonge, l’ignorance après le manque de vergogne. Si les enfumades ont été légion, l’enfumage de l’opinion a aussi été très efficace. Qui sait que les Trente Glorieuses ont été le temps du démantèlement de l’empire ? Qui admet que la Seconde Guerre mondiale a été seulement la deuxième et que d’autres ont suivi ? Pas grand monde et surtout pas le petit Nicolas !
Retour du refoulé
Devenu grand, Nicolas Lambert se souvient de son enfance picarde, de sa grand-mère qui craignait de le voir partir à la guerre, de son grand-père aux formules sibyllines, et des livres de lecture et d’histoire de son enfance à l’ethnocentrisme serein… Pas si vieux, pourtant, le Nicolas ! Né après Césaire et Fanon, Sankara et Lumumba ! Nicolas Lambert ne se pose ni en juge, ni en procureur : il vient à la barre du théâtre pour témoigner que lui, comme nous tous, a cru que Marianne était bonne mère et ceux dont on a donné le nom aux rues françaises, des héros adamantins. Comme en psychanalyse, quand les mots sont à entendre autant que ce qu’ils disent, il interroge l’empire allant de mal en pis, et la manière dont la France s’est obstinée à croire et à faire croire qu’elle défendait les valeurs républicaines en les bafouant allègrement hors métropole. Le comédien, dont le talent est toujours aussi bluffant quand il incarne les personnages historiques qu’il évoque, se lance dans une anamnèse en direct qui fait remonter le refoulé collectif autant que les souvenirs personnels. La proximité avec le public est totale et force l’identification par l’adresse directe, la mise en scène économe et la scénographie minimaliste. Erwan Temple est aux lumières, Sylvie Gravagna à la collaboration artistique, comme pour les précédents spectacles, auxquels Nicolas Lambert offre ici une belle conclusion.
Catherine Robert
à 10h, relâches les 8 et 15. Tel : 04 84 51 20 10. Spectacle vu au Théâtre de Belleville. Durée : 2h.
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