La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Il y aura la jeunesse d’aimer de Louis Aragon et Elsa Triolet, mis en scène par Didier Bezace

Il y aura la jeunesse d’aimer de Louis Aragon et Elsa Triolet, mis en scène par Didier Bezace - Critique sortie Théâtre Paris _Le Lucernaire
Ariane Ascaride et Didier Bezace dans Il y aura la jeunesse d’aimer. Crédit : Nathalie Hervieux

de Louis Aragon et Elsa Triolet / mes Didier Bezace

Publié le 24 septembre 2019 - N° 280

Ariane Ascaride et Didier Bezace reviennent donner vie aux mots de Louis Aragon et Elsa Triolet sur la scène du Lucernaire. Une lecture-spectacle d’une grande authenticité qui nous entraîne dans les contrastes et les profondeurs d’une relation amoureuse hors norme.

Ils sont là, tous les deux, face au public, devant un pupitre et un micro, assis sur un haut tabouret, dans toute l’intelligence d’une lecture-spectacle qui parvient à allier densité et simplicité, acuité et dépouillement. C’est au Lucernaire qu’Ariane Ascaride et Didier Bezace reviennent cet automne dire les mots de Louis Aragon et Elsa Triolet, comme ils l’ont fait la saison dernière lors d’une première série de représentations sur cette même scène, quatre ans après avoir créé cette plongée dans les eaux fluctuantes du couple à l’Embarcadère d’Aubervilliers (Il y aura la jeunesse d’aimer a également été programmé, en 2016, au Festival Les Nuits de Fourvière à Lyon). Les deux comédiens donnent ici corps à des extraits d’œuvres littéraires (Aurélien, Le Mentir-vrai, Le Con d’Irène, Les Yeux d’Elsa, Il n’y a pas d’amour heureux…), ainsi qu’à des lettres échangées par les deux écrivains. Avec, pour ligne directrice, les choses de l’amour et les relations qui en découlent : fulgurances de sentiments puissants et singuliers qui, dans l’existence réelle comme dans la fiction, laissent entrevoir les tourbillons du doute, du trouble, du questionnement.

Les liens du cœur, de l’art et de l’esprit

L’un en complicité avec l’autre, Ariane Ascaride et Didier Bezace engagent bien sûr leurs voix – précises, concrètes, vivantes – mais aussi leurs présences scéniques qui, sans jamais faire démonstration ou étalage de quoi que ce soit, participent elles aussi à une vision de rigueur et d’exigence. Une grande vérité se dégage des écrits qui nous sont ainsi transmis. Une vérité qui s’exprime par le biais de nombreuses nuances, Il y aura la jeunesse d’aimer se faisant tour à tour allègre, mélancolique, tendre, grave, lumineux… Cette traversée des mots célébrant les liens du cœur, de l’art et de l’esprit est plus qu’un bel hommage. C’est un moment de profondeur qui fait directement écho à l’épitaphe (signée Elsa Triolet) inscrite sur la tombe commune des deux époux : « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l’alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s’opposer à ce qu’on nous arrache l’un à l’autre. »

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Il y aura la jeunesse d’aimer de Louis Aragon et Elsa Triolet, mis en scène par Didier Bezace
du mercredi 16 octobre 2019 au dimanche 24 novembre 2019
_Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris

Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 16h. Spectacle vu le 20 novembre 2018, lors de sa première programmation au Lucernaire. Durée de la représentation : 1h15. Tél. 01 45 44 57 34. www.lucernaire.fr

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