La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

L’Animal imaginaire de Valère Novarina

L’Animal imaginaire de Valère Novarina - Critique sortie Théâtre Paris La Colline - Théâtre national
L’Animal imaginaire de Valère Novarina. Crédit : Pascal Victor

texte, mes et peintures Valère Novarina

Publié le 24 septembre 2019 - N° 280

Deux ans après L’Homme hors de lui, Valère Novarina et ses fidèles interprètes reviennent au Théâtre national de la Colline avec L’Animal imaginaire. Une nouvelle excursion enthousiasmante dans le foisonnement des mots et les surgissements du vivant.

En fond de scène, deux toiles monumentales de l’écrivain, metteur en scène et peintre Valère Novarina se dressent jusqu’aux cintres. Loin d’elles, à main gauche, tout au bord du plateau de la grande salle du Théâtre national de la Colline : une petite table et sa chaise, sur laquelle vient s’asseoir Julie Kpéré. Le personnage qu’interprète la comédienne se met à formuler les mouvements et les orientations intérieurs qui occasionnent ses poussées d’écriture. « Avant que d’écrire je ne savais pas ce que j’allais écrire, explique-t-elle, en écrivant, je voyais que j’écrivais des choses que je n’avais jamais sues. J’écris ce que je ne pense pas encore… » C’est donc avec un monologue de cette protagoniste nommée L’Ecrituriste que Valère Novarina introduit son nouveau spectacle. Un monologue qui témoigne, avant les grandes farandoles lexicales et langagières qui traverseront le reste de la représentation, du rapport personnel qu’il entretient avec l’écriture. L’Animal imaginaire*, comme toutes les créations que l’artiste a signées depuis le milieu des années 1980, fait preuve d’une inventivité foisonnante. Ainsi que d’un humour parfois proche du non-sens, ou du loufoque, qui laisse apparaître en filigrane de vastes perspectives de réflexion sur la condition du vivant, sur les implications de l’être et du non-être.

« Les acteurs sont des peintres ; ils tracent de l’homme dans l’espace »

On sourit, on rit à regarder et écouter les onze interprètes de cette fugue chimérique au long cours (les comédiens Édouard Baptiste, Julie Kpéré, Manuel Le Lièvre, Dominique Parent, Agnès Sourdillon, Nicolas Struve, René Turquois, Bedfod Valès, Valérie Vinci, l’accordéoniste Christian Paccoud et le violoniste Mathias Lévy). Toutes et tous s’ébrouent dans la matière ample, énumérative, des mots et des panoramas qu’ils façonnent. On est saisis par la dimension charnelle de leurs digressions accumulatives. Loin d’être un simple théâtre du dire, l’œuvre de Valère Novarina nous plonge dans des mondes faits de jaillissements organiques et picturaux (de nombreuses toiles de l’écrivain-metteur en scène prennent part à la fête de 2h45 que constitue ce spectacle). « Les acteurs sont des peintres, déclare Valère Novarina, ils tracent de l’homme dans l’espace ». Entrelaçant gaieté et profondeur, L’Animal imaginaire recompose le réel pour nous amener à envisager autrement ce qui nous détermine et nous constitue. A travers un art débordant et excessif : étonnamment libre.

* Texte publié, comme l’ensemble de l’œuvre de Valère Novarina, aux Editions P. O. L.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

L’Animal imaginaire de Valère Novarina
du vendredi 20 septembre 2019 au dimanche 13 octobre 2019
La Colline - Théâtre national
15 rue Malte-Brun, 75020 Paris

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30. Durée de la représentation : 2h50. Tél. : 01 44 62 52 52. www.colline.fr

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