« Il Risveglio », Pippo Delbono revient au théâtre du Rond-Point pour dire le nécessaire réveil individuel et collectif

« Face à la possibilité d’une réalité encore pire qu’avant, avant la pandémie, qui a enfermé tout le monde chez soi, avant les guerres, qui ont éclaté à nos portes, avant le retour d’idéologies que l’on croyait révolues », le temps est venu du réveil, considère Pippo Delbono. L’obstination des catastrophes doit passer : l’heure est à la renaissance. Le spectacle, marche lente et funeste se transformant peu à peu en une danse de joie pour exalter la vie, est dédié à tous les dormeurs qui se sont réveillés et à ceux qui sommeillent encore. « Je t’en supplie, lumière qui est en moi, laisse-moi m’élever à nouveau, comme les aigles », dit l’artiste italien qui, pour la première fois, a composé la matière textuelle du spectacle avec « ses mots, ses histoires et les poèmes qu’il écrit depuis longtemps ».

L’optimisme de la volonté

Dans un espace dépouillé semblable à un désert, sur les notes d’un violon et d’un violoncelle et sur les chansons de la mémoire des années 1970, Pippo Delbono répète : « Il faut danser, danser dans la guerre. » Dure et violente parce que fragile et belle : telle est la vie selon Pippo Delbono, qui tâche de faire un théâtre qui soit adéquat à cette paradoxale définition, poignant mais consolateur, triste et tendre. Pippo Delbono et les siens composent et animent un théâtre qui parle de la mort et de la perte pour pouvoir renaître à la joie. Un rituel exacerbé où les émotions surgissent en bouquet, une scène de la rencontre et de la réconciliation : l’homme qui, à la fin de Amore, le dernier spectacle de la compagnie, s’était allongé sous un arbre, se redresse et retrouve le goût de vivre.

Catherine Robert