Elise Vigier crée « Nageuse de l’extrême – Portrait d’une jeune femme givrée »
Théâtre Ouvert / texte et mise en scène Élise Vigier
Publié le 27 août 2024 - N° 324En duo avec la comédienne Léna Bokobza-Brunet, Elise Vigier crée Nageuse de l’extrême – Portrait d’une jeune femme givrée*. Un texte sur les combats de deux femmes (contre la maladie, contre des conditions de nage extrêmes) que la cofondatrice du Collectif Les Lucioles a écrit et qu’elle met en scène à Théâtre Ouvert.
« L’idée de ce spectacle est liée à une expérience personnelle. Ayant eu un cancer, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas parler, sur un plateau, de ce que j’avais vécu. Car j’aurais alors ajouté du silence à du silence. Il m’a semblé important de trouver comment m’emparer de cette chose théâtralement. Je me suis souvenue de femmes qui, après avoir eu un cancer du sein, avaient traversé la Manche. Et puis, le hasard de la vie a fait que j’ai rencontré Marion Joffle, une nageuse de l’extrême de 25 ans qui, ayant elle-même été atteinte par un cancer quand elle était petite, a traversé la Manche à l’âge de 18 ans à l’occasion d’un événement dédié à la lutte contre cette maladie. À présent, elle fait le tour du monde en nageant dans les eaux les plus froides du globe. Son parcours rejoint exactement l’endroit de ma recherche, qui est celui du corps mis à l’épreuve, de la façon dont il fait face à la maladie comme à l’endurance extrême. J’ai ainsi conçu un spectacle nourri de deux récits parallèles.
L’expérience du corps fragilisé, diminué, transformé, augmenté…
Sur scène, dans un dispositif trifrontal qui instaure une grande proximité avec le public, deux personnages sont présents. Une femme dans une salle d’attente d’hôpital, qui s’inspire de ma propre expérience, et une jeune nageuse de l’extrême, qui s’inspire de la vie de Marion Joffle, jouée par Léna Bokobza-Brunet. La première est suspendue au verdict des médecins, à leurs diagnostics, à toutes les étapes du parcours médical. La seconde raconte sa traversée de la Manche ainsi qu’une nage dans les eaux glacées de l’Arctique. Les deux solitudes que représentent ces deux femmes finissent par se rencontrer dans un endroit totalement fictif, la salle d’attente se transformant en une piscine ou un espace maritime imaginaire. J’ai demandé à Etienne Bonhomme de réaliser une composition sonore qui nous plonge dans divers climats. Peu à peu, les réalités deviennent poreuses et créent un espace qui pourrait, par exemple, être une salle d’attente en Arctique ! Cet espace partagé est aussi celui du corps métamorphosé, de la douleur, de l’amputation, mais aussi celui de la lumière. Marion Joffle se surnomme elle-même le « Pingouin souriant ». Elle a choisi de sourire au monde. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
* Texte écrit à partir d’entretiens avec Marion Joffle, publié chez esse que Editions en septembre 2024.
A propos de l'événement
Nageuse de l’extrême – Portrait d’une jeune femme givréedu lundi 16 septembre 2024 au samedi 28 septembre 2024
Théâtre ouvert
159 avenue Gambetta, 75020 Paris
Le lundi, le mardi et le mercredi à 19h30 ; le jeudi et le vendredi à 20h30 ; le samedi à 18h. Tél. : 01 42 55 55 50. Durée estimée : 1h15.