I was sitting on my patio… / Bach 6 Solo, deux spectacles signés par Robert Wilson et Lucinda Childs.

C’était il y a quarante-quatre ans. En 1977. Moins d’un an après la création d’Einstein on the Beach au Festival d’Avignon, les jeunes artistes d’avant-garde qu’étaient Robert Wilson (né en 1941) et Lucinda Childs (née en 1940) se retrouvaient dans I was sitting on my patio this guy appeared I thought I was hallucinating, solo dédoublé fait de saisissements minimalistes et de mouvements suspendus. D’abord à l’Eastern Michigan University, au Wilshire Ebell Theatre de Los Angeles et au Cherry Lane Theatre de New York, puis en 1978 au Théâtre de la Renaissance à Paris, le metteur en scène et la chorégraphe se succédaient sur scène dans une pièce à deux volets exposant, à travers différentes nuances et strates de perception, un même texte dont la suite d’associations libres et de non-événements cherchaient à ouvrir des chemins de traverses dans les états de conscience des spectateurs. Une esthétique radicale et novatrice, en noir et blanc. Un homme installé sur une sorte de banquette, qui rompt le silence en prononçant, pour premiers mots, le titre du spectacle. Un téléphone qui sonne. Des vidéos de pingouins et d’autres animaux. Un verre de vin. Puis, en milieu de représentation, une césure. Après un noir, tout recommence, de façon légèrement différente, avec cette fois-ci une femme sur scène…

Lucinda Childs et Robert Wilson : une recréation et une première mondiale

A partir du 20 septembre, sur le plateau de l’Espace Cardin, ce sont Christopher Nell et Julie Shanahan qui se lancent dans la recréation de ce « zapping verbal » mettant en perspectives les paysages intérieurs de deux êtres placés en marge d’un monde qui leur échappe. Lors du week-end d’ouverture du Festival d’Automne à Paris, le 3 septembre, c’est cette fois-ci une première mondiale que créent Lucinda Childs et Robert Wilson. Au sein de la Chapelle Saint-Louis de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, la chorégraphe et le metteur en scène présentent Bach 6 Solo avec la violoniste Jennifer Koh (qui interpréta, en alternance, le rôle-titre d’Einstein on the Beach lors de la tournée de recréation du spectacle qui eut lieu entre 2012 et 2014). Dansée par Alexis Fousekis, Ioannis Michos, Evangelia Randou, Kalliopi Simou et Lucinda Childs, cette nouvelle performance au croisement des arts se déploie autour des Sonates et Partitas pour violon seul de Jean-Sébastien Bach. Une façon prestigieuse de renouer avec le glorieux passé théâtral de ce lieu de recueillement (dans lequel Klaus Michael Grüber créa, en 1975, son légendaire Faust – Salpêtrière) et de construire notre présent « en résonnance avec l’histoire et la mémoire », comme souhaite le faire Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville et du Festival d’Automne à Paris.

Manuel Piolat Soleymat