Catch !, textes de Hakim Bah, Emmanuelle Bayamack-Tam, Koffi Kwahulé, Sylvain Levey et Anne Sibran, mise en scène de Clément Poirée

Une entrée dans la salle inédite et originale. Une salle qui ne ressemble pas à un théâtre, avec en son centre un ring qui a vécu, tout droit venu de la Fédération française de catch. Goodies, cartes postales dédicacées, musique, maître de cérémonie, boissons et pop-corn sont prévus pour rehausser l’ambiance. Contrairement à l’immobilité et au silence habituels, le public pourra s’assoir, circuler, encourager ou huer… les flamboyants performers d’un soir : Battery Pork, Prince Charming, Kaapital, KassNoisette, Saturne, Priapico et autres lutteuses ou lutteurs acharnés. Aisément reconnaissables par leurs superbes costumes, masques et gestes, ils ont été façonnés en collaboration avec les comédiens Camille Bernon, Bruno Blairet, Clémence Boissé, Eddie Chignara, Louise Coldefy, Joseph Fourez, Stéphanie Gibert, Thibault Lacroix, Pierre Lefebvre-Adrien et Fanny Sintès, avant d’être confiés dans un second temps aux bons soins de cinq auteurs qui se sont emparés librement de ces figures archétypales. Hakim Bah, Emmanuelle Bayamack-Tam, Koffi Kwahulé, Sylvain Levey et Anne Sibran ont ainsi chacun créé un récit singulier, un match de catch nourri de leurs combats intérieurs et  des conflits de l’époque.

Purgation des passions

Unité de lieu, de temps et d’action donc, mais affrontements indépendants les uns des autres, créant une sorte de cadavre exquis ancré dans les problématiques sociales actuelles. Pourquoi Clément Poirée a-t-il choisi l’univers du catch ?  « Alors que notre société connaît une période de tensions exacerbées, j’ai ressenti le besoin d’une grande purgation des passions. Le catch permet de  mettre en scène un cérémonial archaïque et puissant qui laisse apparaître nos peurs, nos pires instincts. Ce déroulé crée un espace de liberté absolument génial, un endroit de sublimation où chaque personne qui entre sur le ring, y compris la plus rejetée et marginalisée, fait de ce qu’elle est une arme redoutable. Direct, frontal, outrancier, le spectacle met en jeu une série d’affrontements générant avec le public une relation profondément vivante. C’est l’art du faux, qui montre le pire, mais dans la joie, le relâchement. Cela ouvre un très vaste champ de possibles, qui se fait léger et jubilatoire malgré la violence. Il est aussi très intéressant de noter à quel point les divers récits et les diverses langues sont nourris par les conflits ou problématiques qui travaillent notre société. » Si vous voulez souffrir jusqu’au bout mais sans gravité avec votre héros ou héroïne préféré, c’est le moment !

Agnès Santi