Olivia Grandville et sa nouvelle création Débandade

La MC93 prend le parti de nous immerger dans l’univers touche-à-tout d’Olivia Grandville, pendant 10 jours et dans trois lieux du bâtiment amiral de Bobigny. On commence par Débandade, dont le titre recèle une pointe d’humour, surtout quand on parle de la masculinité ! « Comment allez-vous ? », demande la chorégraphe à sept hommes qu’elle réunit dans une comédie musicale débridée. En prise avec les révolutions féministes, ils témoignent, par la parole, la danse, et à travers une bande son soigneusement pop, de leur être profond et des injonctions qui les façonnent. Des portraits sensibles croisent des questions sociétales sur des airs légers : une belle combinaison qui nous fait aimer ces hommes et le chœur qu’ils composent.

Par-delà la danse

Les deux autres spectacles de la programmation témoignent de l’art d’Olivia Grandville de cultiver les collaborations, mêler les arts, combiner les disciplines. Avec Klein, elle  se fonde sur la conférence du peintre qu’il donna à la Sorbonne en 1959, dans le bleu d’une scénographie habitée par deux judokas qui s’affrontent (Yves Klein était lui-même judoka). Pour La Guerre des pauvres, la chorégraphe s’attache au récit d’Eric Vuillard qui relate une révolte paysanne, qu’elle adapte et porte à la scène avec le comédien Laurent Poitrenaux, dans une écriture de plateau qui mêle le plastique, le visuel et le sonore, la partition des mots et celle des corps. Toujours surprenantes dans la forme, ces œuvres nous touchent dans le fond.

Nathalie Yokel