[`uwrubba] d’Ali et Hèdi Thabet

La Grèce constitue le point d’ancrage de cette création, au croisement des cultures, des histoires, des mythes. Ali et Hèdi Thabet réveillent une Europe baignée d’influences orientales à travers une première approche musicale, portée par une équipe aussi à l’aise avec les instruments traditionnels tunisiens, les percussions grecques, le répertoire polyphonique médiéval italien et Vivaldi. Sur une terrasse méditerranéenne, ils accompagnent six danseurs et un comédien dans une épopée vivante et poignante comme un morceau d’humanité. Musique, poésie, danse et images vidéo dialoguent sur scène dans la tentative d’un spectacle total et ouvert. Même le cirque, langage d’origine et pleinement maîtrisé des deux auteurs, ne constitue pas l’enjeu de la pièce.

Exils d’hier, d’aujourd’hui et de demain

L’univers de la pièce se déploie également autour du mythe de Narcisse, dont la figure s’incarne dans chacun des danseurs. Là, la beauté, mais aussi la solitude et l’exil deviennent une matière pour mieux parler de notre société et de ses maux. Ali et Hèdi Thabet prennent appui en parallèle sur le témoignage de Raimondakis, un des derniers lépreux bannis sur l’île grecque de Spinalonga, issu du film de Jean-Daniel Pollet. C’est tout en résonnances que s’écrit alors l’histoire de [`uwrubba], qui multiplie les points de vue, les reflets et les réflexions.

Nathalie Yokel