Entre la danse et le musée, des dialogues en recherche
Gros plan
Publié le 28 février 2017Si la danse a pu s’emparer des œuvres du musée, on constate que le musée devient un lieu pour accueillir la danse, sous différentes formes. Comment et pourquoi la danse rentre-t-elle au musée aujourd’hui ?
Deux modes de relation de la danse au musée émergent en ce moment dans l’actualité artistique : soit le musée investit dans la danse, ce qui produit des événements sur le mode muséal conviant histoire et patrimoine, soit c’est la danse qui investit le musée… Et ça marche ! Le succès de l’exposition “Danser sa vie“ en 2011 au Centre Pompidou a mis le doigt sur le potentiel de la thématique de la danse – ou du moins du corps – qui génère des expositions et installations valorisant son lien avec les arts visuels. Aujourd’hui, on peut aller plus loin, et c’est l’histoire même de la danse qui devient le sujet de l’exposition, comme en témoigne Corps rebelles au Musée des Confluences à Lyon. La danse, enfin capable d’exposer ses propres discours, son propre patrimoine ? C’est une avancée qu’il faut prendre en considération, d’autant qu’elle s’accompagne d’une réelle volonté de s’adresser au plus grand monde, et témoigne du souci du champ chorégraphique de développer et diffuser sa culture.
Divers modes de collaboration
C’est une des motivations qui a conduit Boris Charmatz à faire du Centre Chorégraphique National de Rennes Le Musée de la danse, pour « stimuler le désir de connaître », comme il l’annonce dans son Manifeste pour un Musée de la danse. Son projet a la particularité de ne pas occulter le vivant – jusqu’à renverser la vapeur et « exposer » les corps en mouvement – et le désir est effectivement très vif de la part des danseurs de diffuser la danse au cœur du lieu muséal. C’est ainsi que des artistes comme Herman Diephuis ou Alban Richard ont déjà pu investir le Musée des Beaux-Arts de Caen, à l’instar de nombreuses initiatives que l’on apparente à des « parcours », des « déambulations », ou des « performances ». A plus grande échelle, le projet Dancing Museums, financé par l’Union européenne, réunit quatre lieux de danse, dont la Briqueterie de Vitry-sur-Seine, et huit musées européens, pour permettre à de nombreux artistes de créer des projets participatifs et performatifs, tout en œuvrant, avec des chercheurs, à la réflexion sur la place de la danse au musée. Mais les formes et les alliances se cherchent encore, et la Carte blanche à Tino Seghal qui s’est achevée brillamment en 2016 au Palais de Tokyo a pu davantage ouvrir ce dialogue entre le lieu, le vivant, et les interactions possibles.
Nathalie Yokel