Quand les monuments deviennent sources d’inspiration
Création et espaces / Danse et espace patrimonial
Entretien Philippe Belaval
Publié le 28 février 2017
Président du Centre des Monuments Nationaux, Philippe Bélaval développe depuis trois ans la programmation de spectacle vivant au sein des monuments, avec la danse en vedette.
« Les monuments sont des lieux d’émotion et de rassemblement. Pour les artistes comme pour le public, les spectacles créés au sein des monuments génèrent des démarches originales et des occasions singulières de découvrir et d’appréhender le patrimoine. Les monuments inspirent les artistes, qui ressentent comme un supplément d’âme dans ces lieux dont ils rehaussent la dimension symbolique. La danse m’intéresse par sa créativité et son occupation de l’espace, par la tension générée entre le mouvement à la fois libre et contrôlé, et le statisme riche d’Histoire des monuments. Et la danse est immédiatement accessible à tout public, y compris aux étrangers ne parlant pas notre langue. Beaucoup de chorégraphes aiment travailler dans l’espace public, et l’espace monumental offre un cadre extraordinaire permettant d’interroger de façon sensible à travers le mouvement les thèmes de la mémoire et de l’héritage.
Croisements féconds entre le geste et l’espace
Il ne s’agit pas seulement de proposer une programmation éclectique, il s’agit surtout de créer un lien profond entre l’œuvre et le monument qui devient source d’inspiration, et de construire une démarche porteuse de sens, d’émotion, de rêve, éclairant le présent par le passé, revisitant l’Histoire et le temps parsemé de trésors architecturaux par le geste artistique et le ressenti. C’est une sorte de croisement fécond qui s’établit entre l’intime et l’universel, entre le geste et l’espace monumental. Par sa puissance d’incarnation au-delà du langage, la danse a cette capacité de rendre visible toute une palette d’émotions grâce à une perception immédiate et sensible. Comme les monuments, la danse nous relie à des choses très fortes, de l’ordre d’une sacralité. La création au sein des monuments permet ainsi de porter un regard différent sur le monument, et aussi sur la danse. »
Propos recueillis par Agnès Santi à l’occasion de Monuments en mouvement.