L’Avare : un portrait de famille en ce début de 3e millénaire
Le dramaturge allemand PeterLicht brosse le [...]
Après le festival Circa à Auch, le P’tit Cirk pose son chapiteau au Monfort. Un spectacle familial qui porte, très justement, un regard sur la famille.
Hirisinn arrive au Monfort après la radicalité du spectacle Le Vide, Essai de cirque de Fragan Gehlker et Alexis Auffray. Preuve que le cirque s’accorde sur tous les aspects de la création d’aujourd’hui, passant du grand frisson au cocon protecteur. On entre dans le P’tit Cirk et ça sent bon la toile et le bois, la sciure et la sueur. Tout de suite, l’ambiance est posée et les repères sont là, comme l’éternelle petite loupiote ou le bandonéon dont les notes résonnent comme au plus profond des mémoires. Le dépaysement n’est pas au cœur de la démarche des artistes – c’est même un spectacle qui rassure. En revanche, l’histoire qu’ils vont nous montrer s’éloigne des attendus véhiculés par le cirque, car c’est la famille qui est mise au jour ici, mais d’une façon contradictoire au regard de ce que l’on peut projeter sur une famille de cirque. Les deux jeunes gens (Dimitri Lemaire et Louison Lelarge) s’engagent aux côtés de leurs aînés (Danielle Le Pierres et Christophe Lelarge) et c’est à celui qui récoltera les lauriers. S’installe un petit jeu étrange qui tient autant de l’envie d’en découdre que de la brimade. Les numéros sont l’occasion de se mesurer, de faire passer quelques tacles voire même, au tournant, une petite vexation.
Un défi à la jeunesse
On devine que sous l’humour et le burlesque, c’est un profond respect qui anime les protagonistes. On rit de leurs exploits, de leurs provocations, de leurs faux ratages, de la façon dont chacun s’investit, selon son âge, dans l’agrès. Les anneaux chinois offrent de beaux moments de virtuosité, mais c’est au trapèze que le spectacle prend une certaine densité. Il y a dans ces deux corps une puissance qui est celle du travail et des années passées à s’envoler, à s’empoigner et se retenir en plein vol. Et quelque chose de l’ordre de la grâce, une impression vite balayée par une séquence où la souffrance au travail se matérialise dans une multitude de pinces à linge qui viennent entraver le corps, avant de devenir prétexte à un jeu de lancer. Cette famille-là, c’est sûr, est un peu fêlée, mais après tout, tant qu’il y a de l’amour ! Car c’est bien ce que l’on ressent : l’amour pour l’autre et pour son art, par-delà les années qui passent.
Nathalie Yokel
Relâche les 10, 14, 17, 21, 22, 24, 25, 29 décembre et les 1, 4, 5, 7 janvier 2015. Tél. : 01 56 08 33 88. Spectacle vu au Festival Circa à Auch.
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