Redécouverte de Fanny Mendelssohn autour d’Elena Bashkirova
Elena Bashkirova et les musiciens du Festival [...]
Krzysztof Warlikowski met en scène Hamlet d’Ambroise Thomas, dans une nouvelle production riche de références théâtrales et cinématographiques, au risque d’en troubler parfois la lisibilité. La tragédie est portée par l’incarnation saisissante du rôle-titre par Ludovic Tézier.
Vingt ans, c’est l’intervalle de temps entre le premier spectacle de Krzysztof Warlikowski en France, Hamlet au Festival d’Avignon, et la présente production de l’opéra d’Ambroise Thomas. C’est aussi celui entre les débuts de Ludovic Tézier dans ce rôle au Capitole de Toulouse et sa reprise à Bastille. C’est enfin la durée de l’ellipse entre les péripéties du drame et son ressassement par Hamlet, lors de son exil avec sa mère dans un asile, sur lequel s’ouvre le spectacle du metteur en scène polonais. Dans un fauteuil roulant, la vieille reine est assise, comme absente au monde, devant une télévision rediffusant Les Dames du bois de Boulogne de Robert Bresson, dont les images en noir et blanc contribuent à nourrir les inserts vidéo de Denis Guéguin dans la réclusion psychiatrique et pénitentiaire dessinée par Malgorzata Szczesniak. Jusque sur le tulle d’avant-scène, la scénographie est marquée par la lune et ses irisations, symboles de la nuit psychologique d’Hamlet, fils envahi par le souvenir insupportable du remariage de sa mère et de l’appel à la vengeance de son père assassiné. Après un long flash-back de trois actes, jusqu’à la mort d’Ophélie, le dénouement à l’hospice voit le fils reprendre le maquillage de pierrot de son père, dans une confusion des temporalités et des identités.
Incarnation magistrale de Ludovic Tézier
Si le foisonnement des allusions, en particulier théâtrales et cinématographiques, peut perturber la lisibilité du spectacle, il restitue au moins l’essentiel d’un rapport au réel et à la mémoire troublé par les hallucinations et la culpabilité – cet hamlétisme qui rend impuissant à l’action. Certaines trouvailles réinventent habilement la littéralité du livret, à l’exemple du ballet grimé des Willis lors du fatal climax de la folie d’Ophélie, d’autres au contraire pâtissent d’une réalisation un peu brouillonne, telle la pantomime du meurtre du roi Gonzague, qui vaut surtout pour la paraphrase improvisatrice au saxophone. C’est d’abord le travail d’acteur, et en premier lieu l’engagement ardent de Ludovic Tézier dans le rôle-titre, qui fait la force de cet Hamlet. Le chant du baryton français affirme une évidente maîtrise technique et expressive, jusqu’au risque de la déclamation brute. Portée également par la mise en scène, Eve-Maud Hubeaux donne à la reine Gertrude un poids dramatique inhabituel avec son mezzo intense. À rebours des archétypes éthérés Lisette Oropesa fait chatoyer la sensualité frémissante d’une Ophélie à laquelle on pardonne l’orthodoxie discutable des colorature. Jean Teitgen impose un Claudius puissant, à la diction impeccable, comme l’ensemble d’un plateau qui ne connaît aucun maillon faible, qualité qui semble infuser jusque dans les chœurs. Dans la fosse, Pierre Dumoussaud privilégie une souplesse bienvenue et met en valeur les couleurs d’une partition dont il éclaire l’inspiration éclectique.
Gilles Charlassier
à 19h30, le dimanche à 14h30.
Durée : 3h40 avec 1 entracte.
Tél. : 08 92 89 90 90.
www.operadeparis.fr
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