La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -202-Maison de la Musique de Nanterre

Un apport continué et contrasté

Journaliste et critique spécialisé dans les musiques du monde, chargé de programmation pour l'Institut du Monde Arabe, Rabah Mezouane est le conseiller artistique de l’escale Algérie, je t’aime.

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

Journaliste et critique spécialisé dans les musiques du monde, chargé de programmation pour l’Institut du Monde Arabe, Rabah Mezouane est le conseiller artistique de l’escale Algérie, je t’aime.

« Dans la mémoire collective algérienne, Nanterre garde une image amère : c’était là que se trouvaient les cités de transit, les bidonvilles de sinistre mémoire. Nanterre inspirait les auteurs et chanteurs qui évoquent souvent ces conditions de survie. Certains artistes y ont grandi comme la chanteuse lyrique, Malika Belaribi-Lemoel, dont le père tenait une épicerie à Nanterre. Mais la culture de l’exil s’est plutôt forgée ailleurs : dans les bistrots de Saint-Denis ou de Billancourt où se trouvaient les usines, dans les cafés de Saint-Michel. Les travailleurs allaient s’y distraire le week-end. On y rencontrait des artistes comme Dahmane El Harrachi qui partageaient les mêmes galères : certains faisaient les trois huit à l’usine, d’autres étaient épiciers… Akli Yahiaten a eu cette belle formule : « L’usine, c’est pour mes enfants et la musique, c’est pour moi ».

Le tournant des années 90

A partir de 1992, la situation politique en Algérie favorise une grande vague d’émigration. Mais ce ne sont plus les paysans et montagnards, qui venaient vendre leur force de travail après avoir été spoliés de leur terre. Ce sont d’un côté, des intellectuels au motif qu’ils étaient en danger par les actions des GIA ; de l’autre, des militants ou des sympathisants du FIS, au motif qu’ils étaient persécutés par le gouvernement. C’était un ensemble très hétérogène, pour ne pas dire contradictoire. Des chanteurs de chaâbi et de raï ont débarqué, chose inimaginable quelques années auparavant. Fadela est ainsi venue à Nanterre durant ces années noires. Dès 1975, Idir, qui vient de s’installer à Paris, connaît un succès planétaire avec A Vava Inouva. Dix ans plus tard, il y a eu la grande vague du raï, et aujourd’hui le hip-hop dont les chanteurs sont imprégnés de la culture algérienne en filigrane, comme Rim K. »

Propos recueillis par Jacques Denis

A propos de l'événement

Maison de la musique de Nanterre
8, rue des Anciennes-Mairies, 92000 Nanterre
x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Jazz

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Jazz / les Musiques