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SYLVAIN MAURICE

SYLVAIN MAURICE - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2010

VARIER LES POINTS DE VUE ET LES REGARDS ARTISTIQUES

VOILA PLUS DE SEPT ANS QUE SYLVAIN MAURICE DIRIGE LE NOUVEAU THEATRE, QUE LE METTEUR EN SCENE A SOUHAITE PARTAGER AVEC D’AUTRES ARTISTES AFIN D’EN FAIRE UN CENTRE DE PRODUCTION FOISONNANT ET ECLECTIQUE. POUR CETTE NOUVELLE SAISON, IL S’EMPARE D’UN TEXTE D’EDGAR ALLAN POE (LA CHUTE DE LA MAISON USHER) ET D’UN AUTRE DE MARTIN CRIMP (DEALING WITH CLAIR).

« Je crois que les institutions ont le devoir politique, moral, de se rapprocher des créateurs indépendants et de les soutenir. » Sylvain Maurice
 
Vous avez été nommé à la direction du CDN de Besançon et de Franche-Comté en janvier 2003. Quel projet vous a mené jusqu’à ce théâtre ?
Sylvain Maurice : Mon projet défendait l’idée qu’un centre dramatique national doit être un lieu dévolu à la création. Cette mission prioritaire doit, bien sûr, s’organiser à partir du metteur en scène qui dirige le théâtre, mais aussi à partir d’autres artistes avec lesquels il est très important de partager l’outil de travail.
 
C’est la raison pour laquelle vous accueillez des artistes en résidence au Nouveau Théâtre de Besançon…
S. M. : C’est ça. Ce brassage d’artistes crée une émulation et une dynamique artistiques très intéressantes. De nombreux metteurs en scène sont ainsi venus créer leurs spectacles au Nouveau Théâtre : Laurent Hatat, Eric Louis, Yann-Joël Collin, Gildas Milin, Paul Desvaux, Benoît Lambert, Richard Brunel, Guillaume Vincent, Pierre-Yves Chapalain…
 
Ces deux derniers sont d’ailleurs artistes-associés au CDN de Besançon pour trois saisons…
S. M. : Oui. La saison dernière, ils ont respectivement créé L’Eveil du Printemps d’après Wedekind et La Fiancée de Barbe Bleue, l’une des propres pièces de Pierre-Yves Chapalain. Cette année, ce dernier mettra en scène son texte Absinthe et Guillaume Vincent Le Petit Claus et le grand Claus d’Andersen.
 
Qu’est-ce qui concourt au choix des artistes en résidence au Nouveau Théâtre ?        
S. M. : Je crois beaucoup à l’idée qui consiste à proposer, dans un CDN, des spectacles appartenant à des esthétiques variées. Il est pour moi très important de multiplier les points de vue et les regards artistiques. Pierre-Yves Chapalain et Guillaume Vincent sont des metteurs en scène aux univers très différents. Le fait que tous deux fassent vivre, à l’intérieur du même théâtre, des champs de création distincts participe de ma volonté de rendre compte, à Besançon, d’un paysage théâtral riche et diversifié. L’un et l’autre sont d’ailleurs de vrais collaborateurs, ils participent pleinement à la vie du théâtre. Je crois que les institutions ont le devoir politique, moral, de se rapprocher des créateurs indépendants afin de les soutenir.
 
Comment pourriez-vous, finalement, définir la ligne artistique du Nouveau théâtre ?
S. M. : Ce que je cherche, ce sont des propositions uniques, nécessaires, à travers lesquelles les créateurs disent des choses qui n’appartiennent qu’à eux.
 
Vous allez mettre en scène La Chute de la maison Usher, du 7 au 15 octobre. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter à la scène cette nouvelle d’Edgar Allan Poe ?
S. M. : Je souhaitais travailler sur une œuvre me permettant de combiner différents vocabulaires scéniques : la musique, les arts plastiques, le théâtre… Edgar Allan Poe est un auteur culte, qui peut paraître un peu désuet à certains, mais qui a mobilisé l’imaginaire de grands artistes (Maeterlinck, Debussy, Epstein, Lou Reed…). Dans La Chute de la maison Usher, Poe raconte comment l’art peut être un appel à rompre avec la mélancolie. L’histoire est simple : un frère et sa sœur, Madeline, vivent cloîtrés dans une maison. Un ami vient les rejoindre pour quelques jours. Afin de combattre la mélancolie dans laquelle Madeline est enfermée, ils s’adonnent à diverses formes d’expression artistique. La Chute de la maison Usher est nourrie d’une inquiétante étrangeté. C’est la chanteuse Jeanne Added qui incarnera à la fois le personnage du frère et celui de la sœur. A travers la vidéo, l’utilisation de marionnettes, toutes sortes de techniques d’illusion, j’ai souhaité faire se déployer le trouble et le mystère du rapport entre le masculin et le féminin.
 
Vous créerez également, plus tard dans la saison, Dealing with Clair de Martin Crimp…
S. M. : Oui, cette pièce sera pour la première fois présentée en France. Il s’agit d’une œuvre qui oscille entre l’intrigue policière et le drame psychologique. Crimp raconte, à travers l’humour incisif et la langue qui le caractérisent, la violence de notre temps. Il nous donne à voir une part de nous-mêmes d’autant plus effrayante qu’elle nous est familière.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


La Chute de la maison Usher, d’Edgar Allan Poe (d’après la traduction de Charles Baudelaire) ;
adaptation et mise en scène de Sylvain Maurice.
Du 7 au 15 octobre 2010.

Dealing with Clair (Claire en affaires), de
Martin Crimp (texte français de Jean-Pierre Vincent
et Frédérique Plain) ; mise en scène de Sylvain Maurice. Du 7 au 19 février 2011.

A propos de l'événement



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