La Terrasse

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PIERRE-YVES CHAPALAIN

PIERRE-YVES CHAPALAIN - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2010

VERTIGE DE L’USURPATION

PIERRE-YVES CHAPALAIN, ARTISTE ASSOCIE AU NOUVEAU THEATRE, CREE, ENTRE TEXTE ET PLATEAU, L’HISTOIRE D’ABSINTHE, UNE JEUNE FILLE PRISE DANS LES FLOTS TUMULTUEUX DES SECRETS FAMILIAUX.

« L’écriture en amont se mélange au travail d’acteur, jusqu’à créer une écriture hybride. » Pierre-Yves Chapalain
 
Quelle est l’histoire de cette pièce ?
Pierre-Yves Chapalain : Absinthe est l’histoire d’une usurpation. Elle se passe aujourd’hui mais son sujet recoupe celui d’Hamlet. Une différence néanmoins : dans Hamlet, tout est clair dès le départ et on sait d’emblée qui sont les bons et les méchants, alors que l’ambiguïté règne dans Absinthe où des choses enfouies très profondément refont surface de façon inattendue. Absinthe est le nom de la jeune fille, héroïne de l’histoire, ainsi prénommée parce qu’elle donne l’impression de se déliter comme sous l’emprise de l’absinthe. En elle, une vérité lointaine refait surface : son père n’est pas son père et son véritable père a été assassiné. Elle remet à l’ordre du jour quelque chose que personne ne savait. Les choses se passent-elles dans la tête d’Absinthe ou sont-elles vraies ? On demeure dans le doute. Cette histoire est aussi une histoire de digues, une histoire de littoral qui se déroule entre la terre et la mer et qui rappelle l’ancienne légende de la cité engloutie d’Ys. L’intrigue se passe sur une frontière géographique et psychologique avec ce même sentiment d’incertitude.
 
Pouvez-vous préciser le contenu de cette intrigue?
P.-Y. C. : Il y a neuf personnages. Le père qui s’avère être le faux père, la mère, Absinthe, son frère, une espèce de fantôme (le vrai père disparu sans laisser de traces qui demande à être vengé) et deux sœurs un peu délirantes. Absinthe fait un rêve dans lequel un homme qu’elle ne connaît pas vient lui parler. Elle se met à avoir un comportement étrange. Les autres, comme des animaux, ressentent que quelque chose va se passer. Les parents sont inquiets, ils posent des questions. Et quand la révélation est faite, tout bascule et à partir de ce basculement, on rentre dans une espèce de vertige. Dans ce vertige, le spectateur est pris entre deux feux puisque la pièce n’est ni une comédie ni une tragédie.
 
Comment avez-vous élaboré le texte et la mise en scène?
P.-Y. C. : Je travaille avant tout sur une langue. J’écris des textes que je confronte au plateau, que je réécris pour la bouche des acteurs. Je vois comment l’histoire peut se dérouler au mieux en confrontant l’intrigue au plateau. L’écriture en amont se mélange au travail d’acteur, jusqu’à créer une écriture hybride. Je suggère la situation aux acteurs et ils improvisent dessus après avoir été nourris par une matière textuelle préalable. Je réécris en fonction des réactions des comédiens. D’un certain point de vue, il s’agit là d’une écriture collective : les acteurs sont partie prenante de l’histoire et s’en emparent d’autant mieux. Quelque chose d’eux transparaît sur le plateau. Cette manière de faire offre quelque chose d’assez libre dans la création et des résultats parfois inattendus qui s’avèrent intéressants à exploiter. C’est en tout cas pour moi la façon de faire que je trouve la plus juste.

Propos recueillis par Catherine Robert


Absinthe, texte et mise en scène de Pierre-Yves Chapalain. Du 4 au 10 novembre 2010.

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