Croisements féconds
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Focus -252-Fondation BNP Paribas
Après Je danse parce que je me méfie des mots, pièce intimiste où elle interroge sa relation à son père, Kaori Ito travaille à la création d’un prochain spectacle. Robots et intelligences artificielles sont au cœur de sa nouvelle recherche.
« Travailler sur cette charnière entre l’humain et l’inhumain. »
Pourquoi avoir choisi la thématique des robots pour votre prochaine création ?
K.I. : Travailler cette matière de mouvements m’intéresse. Je fais depuis longtemps des recherches sur un corps abandonné, marionnettique. Cela rejoint aussi l’esprit japonais, le butô, l’idée d’un corps mort. Comment danser avec un tel corps ?
Vous partez toujours, pour vos pièces, de l’intime. Est-ce là aussi le cas ?
K.I. : Lorsque j’ai commencé à me documenter sur les robots, j’ai découvert une série de spécimens ratés. Ils tombaient, faisaient toutes sortes d’erreurs, ce qui les rendait finalement très humains. J’ai alors eu envie de travailler sur cette charnière entre l’humain et l’inhumain. En m’interrogeant sur ce qu’il y avait d’inhumain chez moi, je me suis rendu compte que c’était mon planning ! Il y a eu une période où je jouais des spectacles très différents tous les soirs. Cela m’obligeait à passer sans cesse d’un univers à l’autre. Puis j’ai commencé à écrire un carnet de bord. Cela m’a ouvert les yeux sur le fait que, même en parcourant le monde, les artistes déplacent avec eux une certaine routine. J’y ai aussi mis beaucoup d’autres choses liées à ma vie personnelle, à mes questionnements sur le temps qui s’accélère, la mort.
Comment ceci va-t-il se matérialiser sur scène ?
K.I. : Mon idée première était de faire lire ces textes par l’application Siri. Mais faire un spectacle sur les machines avec une machine sur le plateau me dérangeait. Je voulais trouver le robot en moi, avec mon corps, mes mouvements. J’ai donc commencé à imiter Siri, en intégrant ses petites erreurs. Concernant les costumes, nous sommes en train de fabriquer un masque qui me ressemble, ainsi que des bouts de corps et un maquillage. Notre désir est là aussi de jouer sur cette idée de charnière, de trouble entre humain et inhumain, naturel et artificiel. Et même si ces thématiques peuvent avoir quelque chose d’angoissant, il y aura des moments très humoristiques dans ce spectacle.
Propos recueillis par Delphine Baffour
Robot, l’amour éternel, création à l’automne 2017 au KLAP, Maison pour la danse de Marseille. Tournée en cours pour Je danse parce que je me méfie des mots et Plexus d’Aurélien Bory, créé pour Kaori Ito.
Fondation BNP Paribas