La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -174-solistes

Rachid Safir

Rachid Safir - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 janvier 2010

Thuriféraire de la musique polyphonique

Après avoir créé l’ensemble A Sei voci, le chanteur Rachid Safir fonde en 1988 Les Jeunes Solistes qui deviennent aujourd’hui Solistes XXI. Il nous explique la démarche interprétative de cet ensemble vocal.

« Nous avons cherché à renouveler les modes de représentation, avec des concerts thématisés et un travail sur la vidéo, l’électronique »
 
Quel bilan tirez-vous après plus de 20 ans d’activité des Jeunes solistes ?
 
Rachid Safir : Plusieurs objectifs ont été atteints. Nous avons tout d’abord réussi à développer le répertoire de la musique polyphonique. Nous avons aussi cherché à renouveler les modes de représentation, avec des concerts thématisés et un travail sur la vidéo, l’électronique. Outre son intérêt artistique, cette démarche permet de situer la forme d’expression vocale dans les lieux actuels. Les salles de concert sont en effet rarement adaptées à la musique ancienne… Avec ces procédés, nous essayons de trouver la meilleure adéquation entre notre ensemble et le public.
 
Quels ont été les moments forts ?
 
R.S. : Il y a eu des concerts mémorables, grâce en particulier aux compositeurs avec lesquels nous collaborons de longue date. Je pense à Klaus Huber en particulier, à qui nous avons consacré trois disques. Nourrie d’une grande connaissance de la voix dans la musique ancienne, sa musique est très riche du point de vue musical et thématique. Nous avons vécu d’autres expériences de création passionnante avec des compositeurs comme Philippe Leroux ou Régis Campo. Outre les créations, il nous arrive aussi de reprendre des œuvres contemporaines, comme celles de Claude Vivier. Bach et Monteverdi font également partie de notre répertoire. Malheureusement, nous jouons très peu de musique romantique.
 
En matière de musique contemporaine, quel type d’esthétique privilégiez-vous ?
 
R.S. : L’esthétique importe peu. Nous interprétons tous types de musique dans la mesure où il y a du contenu. Par ailleurs, lorsque nous créons une œuvre, cela ne se limite pas à un concert. Il nous arrive de la porter pendant plusieurs années. Nous avons donné certaines œuvres dix à quinze fois. La démarche avec ce type de partition est finalement assez similaire de celle menée sur d’autres répertoires : les techniques employées sont différentes, mais nous rencontrons les mêmes problèmes d’interprétation, de maturation.
 
Quel a été l’apport de la révolution sur instruments anciens pour le répertoire vocal baroque ?
 
R.S. : C’est une démarche qui a été transposée à la voix, que ce soit au niveau des phrasés ou du jeu des sonorités. Cela a introduit de l’affect dans la musique polyphonique, la rendant vivante et expressive. Auparavant, on demandait aux chanteurs d’avoir une « voix ». A la création des Jeunes solistes, nous avons préféré chercher des musiciens autonomes. Cela permet de travailler plus rapidement, d’être mobile dans les répertoires.
 
Avec quels ensembles instrumentaux aimez-vous collaborer ?
 
R.S. : Les musiciens avec qui nous travaillons – une petite équipe parisienne – sont pratiquement membres de l’Ensemble. Par ailleurs, nous réalisons nos grandes productions avec le Klangforum de Vienne, plusieurs fois par an. Enfin, nous sommes aussi très heureux de travailler avec l’Opéra de Paris. En janvier, nous créerons des pièces polyphoniques de Kaija Saariaho. Il s’agit d’un spectacle avec traitement de l’image et du son en direct, un vrai projet multimédia.
 
Propos recueillis par Antoine Pecqueur

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