La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -171-criee

Pippo Delbono

Pippo Delbono - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2009

Un théâtre de l’intime visant à l’universel

En collaboration avec la scène nationale Le Merlan, le Théâtre de La Criée accueille la troupe du metteur en scène italien Pippo Delbono. Spectacles, rencontres, projections : une plongée au sein d’un univers artistique qui travaille à représenter le monde dans toute sa profondeur et toute sa diversité.

Entremêlant images scéniques, mises en jeu corporelles et chorégraphiques, éclats textuels, paysages musicaux…, Pippo Delbono compose un théâtre d’une poésie libre et énigmatique. Une poésie qui fouille l’humain dans ce qu’il a de plus singulier, de plus distinctif pour tenter de mettre au centre du théâtre le monde tel qu’il est. Une façon de scruter l’intime et le particulier pour toucher à l’universel. Cela à l’aide d’une troupe qui suit le metteur en scène depuis de nombreuses années, troupe bigarrée composée d’interprètes parfois en marge des normes sociales : Bobo, comédien microcéphale sourd et muet qui a longtemps vécu dans un hôpital psychiatrique ; Gianluca, comédien trisomique ; Nelson, ancien SDF devenu comédien… « Le théâtre, ce sont les acteurs, affirme Pippo Delbono. Tout doit être au service de l’acteur ; car au théâtre, un être humain parle à des êtres humains. L’acteur doit être innocent, se laisser regarder jusqu’au fond ; il n’est pas le chef de son rôle, de ses idées, de ses pensées, mais il est au service de ceux qui regardent, dans une dimension totale de fragilité. »
 
Des états de conscience et de bouleversement
 
Cette fragilité, le metteur en scène et comédien la place au cœur de ses créations, tentant de confronter le spectateur à ce qu’il y a de plus vrai, de plus sincère et de plus lucide au sein de l’homme. Ce sont alors des pans entiers de monde qui émergent — des pans rugueux ou lumineux, chaotiques, joyeux ou provocateurs — et tentent de révéler au public des états de conscience, voire de bouleversement. Cet univers profondément personnel, le Théâtre de La Criée et le Théâtre Le Merlan ont décidé de le mettre à l’honneur en janvier 2010. I Raconti di Guigno, Questo Buoi feroce, La Menzogna (spectacle créé l’été dernier au Festival d’Avignon), Enrico V (d’après William Shakespeare), mais aussi deux films (Grido et La Paura) et deux rencontres avec l’homme de théâtre italien : cette quinzaine delbonienne sera l’occasion de (re)découvrir le parcours d’un artiste qui parle sur scène « de l’amour, de la mort, de la violence, de la lutte… », qui crée « en mettant des choses côte à côte, comme une composition musicale, deux notes par deux notes ». Un artiste pour qui « mettre en scène, c’est composer une mosaïque ».
 
Manuel Piolat Soleymat


Au Théâtre de La Criée : I Raconti di Guigno (Récits de juin), le 5 janvier 2010 ; Questo Buoi feroce, les 6 et 7 janvier ; La Menzogna, du 14 au 16 janvier ; rencontre avec Pippo Delbono le 16 janvier à 17h30, projection de Grido à 20h00. Au Théâtre Le Merlan : Enrico V, les 9, 10 et 12 janvier ; projection de La Paura le 9 janvier à 21h00, rencontre avec Pippo Delbono à 22h30.

A propos de l'événement



x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre