La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -192-frize

NICOLAS FRIZE

NICOLAS FRIZE - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 novembre 2011

UN EVENEMENT FEDERATEUR

LE COMPOSITEUR NICOLAS FRIZE EST L’ORGANISATEUR DE L’EVENEMENT « SOUFFLE ! » A SAINT-DENIS. IL NOUS EXPLIQUE EN DETAILS CE PROJET HORS-NORMES.

« Le public est installé dans la complicité du travail du compositeur. » Nicolas Frize
 
Quelle est l’origine de ce projet de concerts à Saint-Denis ?
Nicolas Frize : J’aime proposer d’écouter la musique dans des lieux alternatifs, des lieux de la vie quotidienne. L’immeuble de la rue Catulienne est bien connu de la population de Saint-Denis. C’est un lieu qui a une fonction dans la ville, qui regroupe sur 5 étages de 1000 m2 de nombreux services municipaux – du commissariat de police aux services sociaux en passant par le conservatoire de musique. C’est stimulant d’assister à un concert en découvrant « l’envers » d’un lieu que l’on connaît et que l’on fréquente.
 
Comment se dérouleront ces concerts, en continu et simultanément ?
N. F. : En tout ce sont plus de vingt-cinq « salles de concerts » simultanées – dans lesquelles on pourra voir aussi des vidéos de création. On mélange l’idée de fête, de festival, d’appel… La déambulation doit permettre au public non seulement de découvrir de nombreux interprètes (ils seront plus de cent cinquante) et leurs instruments, mais aussi d’inventer lui-même son parcours musical. Le compositeur propose, mais c’est le public qui compose : il entend ce qu’il veut !
 
Comment le public peut-il se repérer au gré de ses déambulations ?
N. F. : Les quelque soixante-seize œuvres programmées sont regroupées par thèmes, par « familles ». Ces thèmes apportent au public des indications. Ils servent surtout à créer du désir, celui d’aller écouter par exemple une musique « immobile », « silencieuse » ou « énervée ». Le public est ainsi installé dans la complicité du travail du compositeur. Les formes courtes – les œuvres vont de une à sept minutes – invitent à vivre un moment intense et privilégié de perception.
 
Les commandes passées pour les vingt-sept créations s’inscrivent-elles toutes dans ces catégories préalablement établies ?
N. F. : Oui. Les Musiques de la Boulangère ont passé commande à six compositeurs, ouverts à l’expérimentation : Pablo Cueco, Jean-Pierre Drouet, Sylvain Lemêtre, Michel Musseau, François Sarhan et moi-même. Les thèmes ont été une stimulation, l’occasion d’une réflexion sur la forme et le langage, autant lors du choix de la cinquantaine d’œuvres du « répertoire » que pour les compositeurs. J’ai par exemple écrit une pièce « silencieuse » pour un chœur, ce qui a priori est paradoxal. Car l’usage que l’on a de la voix aujourd’hui, amplifiée pour être projetée dans des salles immenses, voire des stades, ou oscillant dans l’opéra entre le mezzo forte et le fortissimo, n’encourage pas à la rencontre singulière, au caractère intime de la musicalité. Dans cette pièce, en demandant des pianississimi constants, je retrouve un autre sens du mot souffle, moins convenu, plus vivant.

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement



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