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MICHEL MUSSEAU et JEAN-PIERRE DROUET

MICHEL MUSSEAU et JEAN-PIERRE DROUET - Critique sortie Jazz / Musiques

Publié le 10 novembre 2011

DEUX ARTISTES SOLIDAIRES ET INVENTIFS

CES DEUX COMPOSITEURS FRANÇAIS PARTICIPENT AU PROJET « SOUFFLE » DE NICOLAS FRIZE. TEMOIGNAGES.

« Trouver un espace de liberté au milieu de cet ensemble de contraintes m’a enchanté. » Michel Musseau
 
Comment s’est passée votre rencontre avec Nicolas Frize ?
Michel Musseau : J’ai rencontré Nicolas Frize il y a une vingtaine d’années. A ce moment-là, il était l’un des premiers à organiser des concerts mélangeant le répertoire et la création.
Jean-Pierre Drouet : Je le connais également depuis longtemps, tellement longtemps que je ne me rappelle plus de notre première rencontre ! J’ai collaboré avec lui à plusieurs reprises, notamment pour jouer les parties de percussions de pièces comme le Concert de pierre. Nous avions travaillé ensemble à un projet de création avec les détenus de la prison de Fleury-Mérogis. Nous avions aussi co-composé le projet Porcelaine, pour lequel nous jouions sur des instruments créés spécialement pour l’occasion.
 
Le conservatoire de Saint-Denis, en tant que lieu, a-t-il influencé votre travail ?
J.-P. D. : La succession de plusieurs concerts imposait de composer des formes courtes. Nicolas tenait en effet à ce que le public puisse entendre toutes les œuvres dans leur intégralité, en déambulant de pièce en pièce. De plus, les œuvres sont interprétées aussi bien par des musiciens professionnels que par des élèves du conservatoire, ce qui est très stimulant.
M. M. : Le bâtiment où a lieu ce concert s’élève sur cinq étages. A chaque étage correspond une thématique particulière, et chaque compositeur a imaginé une pièce pour chacun des étages. Trouver un espace de liberté au milieu de cet ensemble de contraintes m’a enchanté. J’accorde autant d’importance à l’extra-musical qu’à la musique elle-même et, chez moi, c’est souvent de l’extra-musical que découle la musique.
 
Pouvez-nous nous donner un avant-goût de ce que l’on pourra entendre ?
J.-P. D. : La forme courte permet d’expérimenter des combinaisons d’instruments que l’on n’entend pas habituellement. J’ai par exemple écrit une pièce pour quatre pianistes réunis autour d’un piano. Elle présente beaucoup de difficultés car elle est assez virtuose et complexe. De plus, en pleine interprétation, le téléphone portable d’un des musiciens sonne. Celui-ci répond et sème la panique…
M. M. : Je trouve qu’aujourd’hui, beaucoup de compositeurs écrivent beaucoup de notes pour « faire intelligent » ! Je revendique pour ma part une certaine simplicité d’approche. Paradoxalement, parmi les pièces que j’ai écrites pour cette occasion, se trouve un hommage au virtuosissime Frank Zappa, pour deux guitares électriques. Également, une pièce pour chœur de femmes et accordéon intitulée Tous ensemble. Celle-ci est plutôt un hommage à la solidarité. Une autre, pour contrebasse seule, est nommée La situation est grave. J’ai voulu que derrière les notes, l’engagement politique soit perceptible.

Propos recueillis par Sébastien Llinares

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