La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -192-frize

MARIE-JOSE MONDZAIN

MARIE-JOSE MONDZAIN - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 novembre 2011

LE REGARD D’UNE PHILOSOPHE

DIRECTRICE DE RECHERCHE AU CNRS, LA PHILOSOPHE MARIE-JOSE MONDZAIN, SPECIALISEE DANS LES QUESTIONS LIEES A L’IMAGE, A TRAVAILLE AU CONTACT DE NICOLAS FRIZE ET SUIT TOUJOURS DE TRES PRES SES PROJETS.

« Nicolas est un créateur de lien. » Marie-José Mondzain
 
Comment votre trajectoire a-t-elle rencontré celle de Nicolas Frize ?
Marie-José Mondzain : J’ai collaboré à une œuvre qu’il a réalisée en milieu carcéral. Pour ce projet, il avait fait appel à des personnalités d’horizons différents : sociologues, philosophes… Nicolas est un créateur de lien. Son travail sur cette création analysait la question du temps, une question philosophique par excellence, qui prenait une résonance toute particulière dans un lieu dédié aux peines lourdes, pour ceux dont le châtiment s’évalue en terme de temps.
 
Qu’est ce qui vous séduit dans son travail ?
M.-J. M. : Nicolas Frize ne s’inscrit jamais dans un quelconque académisme. Il prend bien sûr de la liberté avec l’harmonie, le son, mais surtout, ce qui est expérimental chez Nicolas dépasse le simple aspect technique ou formel. Je rapprocherai son travail de ce que peut faire le réalisateur Jean-Luc Godard dans le film « Notre musique ». Son œuvre n’est pas infra-langagière : on parle, on bouge, on danse… Il fait intervenir tout un chacun, ne se limite pas aux musiciens professionnels. En tant que philosophe, je me nourris de ce qui fait œuvre chez ce type de créateur.
 
Quel rapport Nicolas Frize entretient-il avec l’image ?
M.-J. M. : Nicolas est un excellent photographe. J’avais travaillé sur les rushs d’un film qu’il avait entrepris. Il dénote une subtilité polymorphique. L’image ne lui est donc pas étrangère. Son mode d’expression est total : il donne à entendre, il fait voir, organise l’espace…
 
Quel regard portez-vous sur son engagement politique ?
M.-J. M. : Nicolas Frize a un vrai engagement militant. Je pense à son rôle à la Ligue des droits de l’homme, à sa publication consacrée au travail… Mais attention, c’est la place qu’il occupe qui est une place militante, et non son œuvre. Celle-ci est libre de tout raisonnement et ne veut persuader quiconque. Dans le climat ambiant, les artistes comme Nicolas sont menacés. Cela tient à peu de choses, qu’il n’ait plus les moyens de créer. Et ce ne sont pas les débats sur la présidentielle qui vont nous rassurer…

Propos recueillis par Antoine Pecqueur


Soufflé! Les 9 et 10 décembre de 18h à 23h (en 2 plages) au 15 rue Catulienne à Saint-Denis (93). Entrée libre sur réservation au 01 48 20 12 50.
Une production soutenue par la Drac Ile-de-France, la région Ile-de-France, le département de la Seine-Saint-Denis, la ville de Saint-Denis, la Sacem, la Spédidam et plusieurs conservatoires de Plaine Commune.

A propos de l'événement



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