La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -146-Peniche

Mireille Larroche, directrice artistique de la Péniche Opéra

Mireille Larroche, directrice artistique de la Péniche Opéra - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 mars 2007 - N° 146

Le spectacle Promenons-nous dans les bois fait appel à de jeunes
étudiants du CNSM de Paris. La Péniche Opéra a-t-elle une mission d’insertion
professionnelle des jeunes artistes ?

Mireille Larroche : Chez les chanteurs, il y a un grand vide entre la fin
de la formation et le début de la carrière, entre des écoles très encadrantes et
un marché du travail difficile et précaire. Aujourd’hui, les chanteurs se
retrouvent souvent seuls à leurs débuts. A la Péniche, nous essayons de
travailler avec eux dans un esprit de troupe. Depuis septembre dernier, ils sont
suivis par une chef de chant, Claude Lavoix, et, moi-même, je réalise avec eux
un travail de mise en scène, leur montrant comment ancrer leur mode d’expression
dans le réel d’aujourd’hui.

Un spectacle avec de jeunes artistes peut-il également renouveler le public ?

M.L. : Les jeunes chanteurs insufflent une fraîcheur bienvenue. Pour un
large public, l’opéra reste encore un lieu de représentation sociale. Les
chanteurs lyriques sont souvent apprêtés, ce qui crée un fossé avec l’auditoire.
A la Péniche, les spectateurs ont un contact direct avec nos jeunes chanteurs à
la fois spontanés et naturels. Ces derniers se produisent lors des
petits-déjeuners musicaux, programmés le dimanche midi. La qualité d’écoute à
cet horaire original se révèle bien meilleure que le soir.

« nous misons sur la curiosité et le dialogue des disciplines »


Vous développez également une présence forte dans le milieu scolaire envers
le jeune public’

M.L. : Mon but est d’amener les enfants vers les lieux de spectacle. Il
faut ainsi intervenir dès le plus jeune âge. A chaque fois que je me rends dans
une classe, je viens avec un chanteur ou un instrumentiste. Pas de musique
enregistrée ! Malheureusement, ces derniers temps, le Ministère de l’Education
nationale a réduit ces interventions pour des raisons budgétaires, en
particulier dans le secondaire. Et c’est parfois un parcours du combattant pour
obtenir les autorisations de l’Académie de Paris. Pourtant, si les enfants
apprenaient à chanter juste et ensemble, je suis sûre qu’il y aurait moins de
tensions dans les classes. A un autre niveau, nous collaborons également avec
les facultés et accueillons des étudiants pour des stages. Ils peuvent alors
assister aussi bien l’éclairagiste que l’administrateur. C’est une expérience
vraiment enrichissante pour eux.

La Péniche poursuit toujours sa diversification du public. Quelles sont vos
prochaines opérations ?

M.L. : Tous les deux mois, nous organisons des colloques avec des
philosophes, des chercheurs, des scientifiques et, bien sûr, des artistes. A
l’heure où les spécialisations sont cataloguées, nous misons sur la curiosité et
le dialogue des disciplines. Par ailleurs, nous nous associons avec le MK2 du
Quai de Seine pour programmer des films en écho aux productions données à la
Péniche.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

 

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