« Promenons-nous dans les bois »

La Péniche Opéra maintient ses bonnes habitudes et vogue, comme à
l’accoutumée, vers les interstices de l’histoire de l’art lyrique. Avec La
Forêt bleue, créée à Boston en 1911, Louis Aubert (1877-1968), ancien élève
de Gabriel Fauré, participe au tournant moderniste qu’a pris la musique
française dans le sillage de Debussy. Il s’inscrit bien dans cette lignée, non
seulement pour la transparence de son orchestration, mais aussi par un goût
partagé pour le symbolisme, le féerique, le mystérieux. Ainsi, Aubert se
souvient sans doute de Pelléas et Mélisande quand il compose son conte
lyrique. En se penchant sur l’univers de Charles Perrault dans La Forêt bleue,
il rejoint également, parmi ses contemporains, Paul Dukas ? qui écrit en 1907
son opéra Ariane et Barbe-Bleue ? et surtout Ravel, qui, en 1911, livre
son ballet-conte de fées Ma Mère l’Oye. Les marionnettes du Théâtre du
Clair de Lune redonnent vie à cette partition oubliée ? et à travers elle aux
Fées, Petit Poucet et autre Petit chaperon rouge ? sous la direction de Claude
Lavoix. En deuxième partie de programme, la féerie d’Aubert laissera place à
La Punition de Bruno Gillet, pour cinq voix de femmes et synthétiseur, créée
ici même en 1988.