« Le Chant quotidien »

La vie quotidienne, avec ses habitudes, ses élans, ses déceptions et ses
coups de théâtre en miniature, est une ressource inépuisable pour le théâtre.
Elle est pourtant peu exploitée sur les scènes lyriques, malgré quelques
précédents fameux, tel l’opéra bouffe Von heute auf morgen (1929) de
Schoenberg que la Péniche Opéra avait présenté en 1994. Avec Le Chant
quotidien, Alexandros Markéas entre dans l’intimité d’une vie de tous les
jours, rythmée par les sons « que la technologie moderne impose à travers ses
appareils sonores inextinguibles ». Le compositeur d’origine grecque avait
dévoilé l’an dernier un premier moment de cette « journée ordinaire » avec
Karaoké, où, sur le poème « Passionnément » de Ghérasim Lucas, il ébauchait
une atmosphère de fête un peu triste et distante. Alexandros Markéas ne cherche
pas à tourner en dérision la variété, mais plutôt à en retenir ce qu’elle laisse
percer de mélancolie : « Mon père était compositeur de musique populaire en
Grèce et c’est pourquoi cela m’attire. Parfois agacé, parfois touché, je cherche
la vérité de cette musique qui fait partie de la vie quotidienne d’aujourd’hui ».
L’ensemble 2e2m, sous la direction de Pierre Roullier, interprète en création
mondiale les quatre parties de ce Chant quotidien, suivies de Miroir,
mon beau miroir (2004), ?uvre en forme d’autoportrait pour violoncelle et
bande audio-vidéo d’un compositeur qui ne cesse d’interroger le souvenir et la
répétition.