Sélection discographique
Les trois derniers enregistrements de l’Orchestre des Champs-Elysées
témoignent de la passion de Philippe Herreweghe pour le répertoire romantique
germanique.
Bruckner, Symphonie n°4. Philippe Herreweghe dépoussière littéralement
l’?uvre du compositeur autrichien. Dans la Quatrième symphonie, les
courbes mélodiques se parent d’une expressivité vocale et les timbres fusionnent
avec grâce. Certains préfèreront les versions généreuses et intenses d’un Günter
Wand ou d’un Christian Thielemann. Mais comment ne pas être subjugué par cette
approche intime et sacrée, offrant à la polyphonie brucknerienne la clarté d’un
vitrail gothique. A la fois lumineux et coloré?
Malher, Das Knaben Wunderhorn. Avec ses vents mordants et ses cordes
suaves, l’O.C.E. exalte idéalement l’instrumentation mahlérienne. A sa tête,
Philippe Herreweghe dirige avec une concision et une âpreté de tous les
instants. Il semble ciseler chaque phrase, chaque mot? D’autant que la
mezzo-soprano Sarah Connolly et le baryton Dietrich Henschel allient tous deux
l’intelligence du lied à la puissance lyrique.
Schumann, Symphonie n° 1 et n° 3. Ni emphatique, ni austère, Philippe
Herreweghe trouve avec les symphonies de Schumann le ton juste. Sa vision
s’avère profondément humaine, dénuée de tout effet spectaculaire. Phrasés et
articulations sont toujours soignés et respirent avec humilité. Cette belle
fidélité au discours musical met un terme aux critiques jugeant la musique
symphonique de Schumann maladroite. Philippe Herreweghe nous prouve qu’elle est
simplement sincère.
A. Pecqueur
Bruckner (Harmonia mundi, HMC 901921). 2006.
Mahler (Harmonia mundi, HMC 901920). 2006.
Schumann (Harmonia mundi, HMC 901972). 2007.