Le temps en question
Insatiable curieuse, la chorégraphe Michèle Noiret inscrit sa démarche dans une recherche sur ce qui fonde la danse. Elle sonde ici le temps pour en capter l’essence et réinventer son vocabulaire chorégraphique.
« Le temps constitue un des éléments fondamentaux de la composition chorégraphique. J’avais envie d’approfondir l’exploration de cette dimension en focalisant la recherche sur la perception du temps, qui tantôt peut sembler s’accélérer ou au contraire se dilater, voire s’arrêter. Le suspens régnant dans les films d’Hitchcock a aussi inspiré cette création qui tresse le mouvement et la théâtralité, qui appelle une gestuelle et une construction particulières, notamment pour les transitions d’une scène à l’autre. Cette création prolonge le travail que je mène sur la présence, essentielle dans ma démarche. J’utilise d’ailleurs plus volontiers le terme de « personnage chorégraphique » que de danseur ou d’acteur car l’enjeu est d’habiter le corps dansant, de fondre organiquement le mouvement et la parole, autrement dit de mettre en jeu les corps dans l’écriture chorégraphique. Le processus se développe par un va-et-vient entre improvisations et compositions. Au début, j’apporte une phrase dansée, que les danseurs transforment, transposent. Eux-mêmes suggèrent de nouvelles phrases. J’aime les personnalités et les gestuelles différentes. Le langage s’enrichit par la diversité et trouve sa cohérence dans le partage. »
Propos recueillis par Gwénola David
Minutes opportunes, de Michèle Noiret, le 4 et 5 Mars à 20h30, Théâtre Paul-Eluard à Choisy-le-Roi.