La Terrasse

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Marion Schoevaert et Byun Jung Joo

Marion Schoevaert et Byun Jung Joo - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 mai 2009

Retrouver le chemin de la vie parmi les décombres

C’est dans l’onde de choc de la guerre de Corée (1950-53) que Michel Vinaver a écrit Les Coréens, en 1955. Cinquante ans après, la française Marion Schoevaert et le coréen Byun Jung Joo ont mis en scène la pièce au SeongNam Art Center de Séoul.

« Le douloureux cheminement qui transforme des êtres souffrants en êtres vivants et des « monstres civilisés » en humains. »
 
Pourquoi présenter cette pièce en Corée, en coréen ?
Marion Schoevaert : Travaillant à New-York depuis 15 ans sur les écritures contemporaines et mariée à un acteur coréen, j’ai eu l’idée du projet lors d’un voyage en Corée. La pièce résonnait autant avec le contexte américain, miné par l’ombre de la guerre en Irak, qu’avec celui de la Corée, toujours en conflit après plus de 50 ans.
Byun Jung Joo : En 2006, quand nous avons créé Les Coréens, la liberté d’expression était plus grande, même si nous avons reçus certains « conseils ». L’élection de Lee Myung Park en 2007 a marqué une régression des libertés et un retour de l’oppression.
 
La guerre de 1950-53 marque-t-elle encore les identités coréennes contemporaines ?
B. J. J. : Elle a laissé de profondes blessures dans les deux sociétés. Un humain coupé en deux ne peut plus marcher seul… Nous sommes libres depuis la décolonisation japonaise, mais pas indépendants. Au Sud, nous sommes sous l’emprise américaine. Notre façon de penser et de vivre reste déterminée par notre histoire au 20ème siècle.
 
Quelle est la singularité du regard que porte Michel Vinaver et sa façon de « faire théâtre » ?
M. S. : Structurée en tableaux indépendants mais reliés par la trame, la pièce évoque la guerre de Corée à travers le chaos qui bouleverse le quotidien d’un village. Elle montre la transformation profonde de la vie et des êtres par l’extérieur. Elle ne raconte pas une histoire au sens classique – il n’y pas de dénouement, mais plutôt le parcours de différents personnages, leur mue en quelque sorte : le douloureux cheminement qui transforme des êtres souffrants en êtres vivants et des « monstres civilisés » en humains.
 
Comment la dramaturgie épique se marie-t-elle à la tradition coréenne ?
B. J. J. : Notre démarche reprend des éléments de la danse traditionnelle coréenne masquée.
M. S. : Le texte est imprégné de la culture coréenne et de sa philosophie. D’où l’idée de convoquer le rituel shamanique : les acteurs ne jouent pas mais « incorporent » les personnages par la danse, le chant et la musique.
 
Entretien réalisé par Gwénola David


Les Coréens, de Michel Vinaver, mise en scène de Marion Schoevaert et Byun Jung Joo, les 14, 15 et 16 mai à 19h. En coréen surtitré.

A propos de l'événement



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