Che Guevara au Congo
Il avoue un « attachement tellurique » à l’Afrique. Directeur de la compagnie burkinabée L’Œil du Cyclone, l’auteur Luis Marquès signe une parabole historique sur les enjeux qui traversent l’Afrique d’aujourd’hui.
Votre pièce revient sur l’action menée par Che Guevara pour exporter la révolution cubaine au Congo…
Luis Marquès : Oui, c’est l’histoire vraie et burlesque de cette guerre fantôme que le Che mena en 1965. Une guerre de huit mois au cours de laquelle, de jeux de pistes en déguisements, d’intrigues en ratages, de mystères en défaites, le Che s’est embourbé dans un chaos. Toutes ses certitudes internationalistes – le rêve d’un homme nouveau et universel – se sont alors vidées de leur sens face aux abîmes insondables des pratiques ancestrales congolaises. Tatu ou la guerre du Che au Congo est une comédie historique au second degré, une comédie qui rit, mais ne ment pas.
« Tatu ou la guerre du Che au Congo est une comédie qui rit, mais ne ment pas. »
Quelle est, d’après vous, la portée contemporaine de cette aventure des années 1960 ?
L. M. : Aujourd’hui, dans les rues congolaises, burkinabées ou sud-africaines, on porte partout le visage du Che en effigie : sur les tee-shirts, les casquettes, les sacs… Est-ce pour continuer de faire vivre son idéal politique ? Pour une simple question de mode ? Ou alors, ces populations n’ont-elles pas le pressentiment que, pour sortir de l’ornière, il faudra une irréductible volonté de vaincre ? Toute ces questions se posent et j’ai eu envie de les explorer. Tatu ou la guerre du Che au Congo est ainsi une parabole sur l’actualité. Car, si même le Che, portant tous les espoirs de la révolution cubaine triomphante, s’est écrasé contre les réalités endogènes congolaises, nous sommes en droit de nous demander si une quelconque idéologie importée, aussi romantique soit-elle, est capable de résoudre les problèmes de l’Afrique, si la jeunesse de ce continent n’est pas condamnée à trouver des solutions originales à ses propres problèmes.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Tatu ou la guerre du Che au Congo, de Luis Marquès ; mise en scène d’Abidine Dioari Coulidiaty. Du 19 au 21 mai à 19h30.