La Terrasse

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Les Voix singulières

Les Voix singulières - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2008

De l’art d’être seul sur scène

Les Théâtrales Charles Dullin consacrent la journée du 27 janvier au monologue. Quatre spectacles à une voix pour donner à entendre des textes de Luc Girerd, António Lobo Antunes, Danièle Sallenave et Emmanuel Dongala.

La production théâtrale « connaît actuellement une crise économique », affirme Guillaume Hasson. « Par conséquent, on privilégie de plus en plus la légèreté des modes de représentation. » Prenant acte de cette évolution, le directeur artistique des Théâtrales Charles Dullin a décidé de dédier une journée de ce festival au monologue. Car la crise économique qu’il stigmatise est pour lui « porteuse d’une autre forme de richesse ». Une richesse artistique qui s’exprime à travers des voix et des corps solitaires, voix et corps œuvrant à faire naître, sans compagnon de jeu, toute l’ampleur d’un imaginaire, toute la profondeur d’un monde de théâtre. C’est cette présence particulière que Danièle Sallenave perçoit chez Marie-Catherine Conti, comédienne pour laquelle elle a écrit Quand même. « Dans la voix de cette femme seule en scène, d’autres voix résonnent, et des personnages invisibles surgissent — mémoire du théâtre, souvenirs de l’enfance, images du père », explique l’écrivaine.
 
Quatre voix révélant de nombreuses figures
 
A travers les confessions d’une comédienne, Quand même envisage le théâtre comme « la condition d’une survie de l’intime, de l’imaginaire de chacun de nous ». C’est d’ailleurs, d’une certaine façon, le chemin commun que rejoignent tous les monologues programmés. Eloge du père qui m’assassina, écrit et interprété par Luc Girerd, dévoile ainsi la complexité de la relation qui lie un fils à son père défunt. Le Cul de Judas, adapté du roman d’António Lobo Antunes et interprété par François Duval, éclaire les blessures et les souvenirs, les espérances bafouées d’un ancien médecin de l’armée coloniale portugaise. A Love supreme, d’après une nouvelle d’Emmanuel Dongala, texte à travers lequel le comédien ivoirien Adama Adepoju revient lui aussi sur un monde passé, évoque l’univers du jazz et l’existence de John Coltrane. Parcours d’individus qui interrogent leur intériorité, qui abolissent les lois du temps pour en fouiller les interstices : ces Voix singulières sont une invitation à traverser mémoires et paroles introspectives, mais également à rencontrer, après les représentations, les artistes à l’affiche de ces spectacles à une seule voix.
 
Manuel Piolat Soleymat


11h : Eloge du père qui m’assassina, texte et interprétation de Luc Girerd ; mise en scène de Jérôme Goudour. 14h30 : Le Cul de Judas, d’António Lobo Antunes ; texte français de Pierre Léglise-Costa ; mise en scène, adaptation et interprétation de François Duval. 17h : Quand même, de Danièle Sallenave ; conception et interprétation de Marie-Catherine Conti. 20h30 : A Love supreme, d’après une nouvelle d’Emmanuel Dongala ; interprétation d’Adama Adepoju ; mise en scène de Luc Clémentin. Le 27 janvier, à l’Espace Gérard-Philipe de Fontenay-sous-Bois.

A propos de l'événement



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