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Kurt Masur vu par ses musiciens

Kurt Masur vu par ses musiciens - Critique sortie Classique / Opéra
Crédit : Chris Lee Légende : L’Orchestre National de France en tournée au Carnegie Hall de New York

Publié le 10 mars 2008

Les instrumentistes de l’Orchestre National de France évoquent leur relation au maestro allemand.

Rarement un orchestre aura été aussi élogieux sur son patron. Les formations françaises sont davantage connues pour montrer une certaine hostilité à leur chef d’orchestre. Mais entre l’Orchestre National de France (ONF) et Kurt Masur, c’est une lune de miel permanente.
Quand le chef allemand débarque à Paris en 2000, la formation de Radio-France n’est pas en très bon état. « On était livrés à nous-mêmes, se souvient le corniste Jean-Paul Quennesson. L’Orchestre sortait de dix années de doute. » Entre Charles Dutoit et son remplaçant Kurt Masur, c’est le contraste le plus complet. L’ancien chef du Gewandhaus de Leipzig se concentre avec l’ONF sur les fondamentaux du travail symphonique. Sa méthode est celle de l’exigence. « Tant qu’il n’a pas ce qu’il veut, il refait. Il ne lâche jamais », témoigne le timbalier solo Didier Benetti. Ce travail en profondeur n’autorise aucun moment de repos. La moindre répétition est vécue intensément. « Il y a un mot qui n’existe pas dans son dictionnaire : la routine », avance Jean-Paul Quennesson. Plus que toute chose, c’est la sonorité qui obsède Masur. « Il aime la rondeur, la générosité du son. Jamais de dureté », explique la violoniste super-soliste Sarah Nemtanu. Kurt Masur programme avant tout le grand répertoire romantique. Place aux symphonies de Brahms, Mahler et bien sûr Beethoven, dont l’intégrale en juin prochain est attendue avec impatience dans les rangs des musiciens. «Dans ce répertoire, les orchestres français n’ont pas toujours bonne réputation. Kurt Masur a démontré le contraire », dit Sara Nemtanu, que Kurt Masur considère un peu comme sa « petite fille ». Cependant, le choix de se dédier à la musique germanique a pu être controversé. L’identité de l’orchestre n’était-elle pas associée à la musique française ? Pour Jean-Paul Quennesson, « l’orchestre avait avant tout besoin d’acquérir les réflexes du grand répertoire ». Au cours de ses cinq années de mandat, Kurt Masur a multiplié les tournées internationales. L’occasion pour les instrumentistes d’emmagasiner des souvenirs uniques. La 7ème Symphonie de Bruckner, donnée à Berlin, dont la dernière note fut suivi d’un long silence de la salle, ou la Symphonie Pathétique de Tchaïkovski à Lucerne avec, dans la salle, rien moins que Bernard Haitink et Anne-Sophie Mutter. La démarche de Kurt Masur est assurément celle d’un maestro de tradition. Cependant, on remarquera que pour les symphonies de Beethoven, il a supervisé un travail d’édition très précis sur les manuscrits. Comme les baroqueux…
 
« Chef à vie »
 
Le chef échappe aux catégories. L’homme aussi. Connu pour ses opinions de gauche, Masur n’en est pas moins un grand patron, véritable manager de son orchestre et de sa carrière. Jean-Paul Quennesson observe également que « c’est grâce à Kurt Masur que l’ONF a multiplié les actions pédagogiques. Pour lui, la question de la transmission est essentielle. »
Comme dans tous les couples, les crispations ne sont pas absentes. Entre Masur et l’ONF, elles ont surtout eu lieu au début, le temps que chacun prenne ses marques. « Il n’admet pas la moindre faute, même en répétition, et parfois cela peut devenir tendu», note Didier Benetti. De surcroît, Masur s’exprime dans un mélange de français, d’allemand et d’anglais. « Je fais souvent le lien entre lui et l’orchestre, affirme Sarah Nemtanu. J’essaie de traduire au mieux ses désirs musicaux. » Mais peu lui en tiennent rigueur, car l’essentiel est ailleurs. Il a gommé l’image d’orchestre-fonctionnaire associée à l’ONF. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui les grands chefs, comme Bernard Haitink ou Riccardo Mutti, viennent diriger cette phalange. La saison prochaine, ce sera Daniele Gatti qui prendra les rênes. Pour autant, Kurt Masur reste directeur musical honoraire. « Il sera chef à vie du National », traduit Sarah Nemtanu. Comme Karajan avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin.
 
A. Pecqueur


Le 26 juin à 20h (1ère), le 30 juin à 20h (2ème), le 1er juillet à 20h (3ème), le 3 juillet à 20h (4ème), le 5 juillet à 20 (5ème), le 7 juillet à 20h (6ème), le 9 juillet à 20h (7ème), le 12 juillet à 20h (8ème et 9ème) au Théâtre des Champs-Elysées. Places : 8 à 65 €.
 
Radio France
Réservations 0156401516
 
Auditorium du musée d’Orsay
Informations 0140494750/4757

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

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