La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -154-bobigny

Johan Simons

Johan Simons - Critique sortie Théâtre
Légende visuel : « Une mise en jeu des rapports Nord-Sud en dehors de l’émotion et du psychologique. »

Publié le 10 janvier 2008

Un voyage de la pensée aux confins des valeurs occidentales

Le metteur en scène hollandais Johan Simons présente Platform, d’après le roman de Michel Houellebecq. Une critique radicale de notre monde contemporain.

Pourquoi adapter le roman de Houellebecq pour la scène ?

Johan Simons :
J’ai déjà mis en scène Extension du domaine de la lutte et Particules élémentaires. L’intérêt que je porte à l’œuvre de Houellebecq tient au regard critique qu’elle porte sur notre monde contemporain. A travers l’analyse de notre façon d’être et de notre morale, cet auteur pose des questions qui habitent chacun d’entre nous. Notre monde est-il bon ? Avons-nous perdu quelque chose qui soit récupérable ? Comment améliorer ce qui ne va pas ?
 
Qu’avez-vous privilégié dans votre adaptation ?

J. S. :
J’ai tenu à ôter tout cynisme de la représentation. Nous avons donc, dès le début, laissé mourir la femme qu’aime le protagoniste, afin que la pièce entière soit comme une tentative de reconquérir cet amour perdu. C’est là — avec la mise en évidence du réflexe capitaliste de toujours tenter d’accomplir quelque chose de neuf — l’un des fils conducteurs sensibles de la mise en scène. J’ai veillé à rendre compte de ces deux énergies : l’amour et le capitalisme. À côté de cela, le rôle d’Aïcha s’oppose à celui de Yacine, un terroriste. Ces deux musulmans, face au monde occidental, réagissent de façon antinomique.
 
«  La force du théâtre ne repose pas sur le cynisme. »
 
Aïcha essaie d’y trouver sa place, en adaptant quelques-unes de ses règles, tandis que Yacine refuse toute compromission.
 
Comment avez-vous dirigé vos comédiens ?

J. S. :
Nous avons discuté ensemble de notre rapport à la recherche du plaisir, à la gestion de l’argent, de la structure de notre société au moment où les affrontements dans les banlieues se répètent, de notre perception du malaise des immigrés… Nous ne voulions jouer ni sur l’émotion ni sur le psychologique. Notre adaptation, qui est écrite comme un conte, sera d’autant plus crédible que les acteurs diront le texte sans le dramatiser. Quant au décor — un gros tas de débris —, il constitue un obstacle auquel chacun tente de survivre. Les comédiens se battent avec cet environnement et essaient de le dépasser. Platform questionne la façon dont on peut se remettre d’une destruction totale. D’une certaine façon, ce spectacle renvoie à la force du théâtre, qui ne repose pas sur le cynisme, mais sur la conservation de traces d’espoir, sur la conviction que l’état du monde est forcément perfectible.
 
Propos recueillis par Véronique Hotte


Platform (spectacle en hollandais surtitré), d’après le roman de Michel Houellebecq ; mise en scène de Johan Simons. Les 11 et 12 février 2008.

A propos de l'événement



x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre